L'Autre Rio (2017) Emilie Beaulieu-Guérette

L'Autre Rio

Pays de productionCanada
Sortie en France10 octobre 2018
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Générique technique

RéalisateurEmilie Beaulieu-Guérette
Société de production Colonelle films (Montréal)
ProducteurSarah Mannering
Distributeur d'origine Les Films du 3 Mars (Montréal)
Directeur de la photographieEtienne Roussy
Ingénieur du sonHeron de Alencar
MixeurBruno Bélanger
Compositeur de la musique originalePaulo Bottas
MonteurNatacha Dufaux

générique artistique

Bibliographie

Synopsis

Pour son premier long métrage, cette émule de la Nouvelle Vague québécoise réalise un documentaire exemplaire sur le fond comme sur la forme... sous réserve de se laisser envahir par lui tout en adoptant le regard de Sirius. Aporie ? Qu’on en juge. Au premier regard, sur des musiques "naturelles" façon Dogme 95, sans commentaire destiné à nous pré-mâcher ce qu’il faut voir ou comprendre, Émilie Beaulieu-Guerette montre, de façon presque "objective", la vie d’un squat (IBGE) durant les JO de Rio d’août 2016, via quelques uns des 22 000 habitants expropriés afin d’offrir une vitrine acceptable durant les Jeux. "On m’a interdit de laver les pare-brises aux feux rouges pour ne pas donner une mauvaise impression aux touristes", explique ainsi une des jeunes femmes. Puis, au fil de leur proximité, émerge la réalité quotidienne de ces (jeunes) femmes soumises à la violence, au sexisme, à la peur... et néanmoins déterminées à protéger leurs enfants : "Pas un homme n’entrera chez moi tant que j’aurai mes filles", prévient Rina, dont on comprend en creux ce qu’elle a dû subir naguère. La même refusera d’ailleurs de parler de la drogue "car ce serait dangereux". Autre exemple hallucinant du danger qui rôde, ces enfants cherchant des douilles au lendemain d’un assaut de la police contre un narcotrafiquant. Malgré la misère, toutes (et quelques hommes) luttent pour conserver leur dignité, veillant à ce que leurs enfants se lavent ou, comme Moranguinho, se fassent les ongles. "Ils pensent de nous qu’on ne peut pas changer mais c’est faux", assène une jeune intervenante qui s’accroche à son petit ami Diego, en prison pour vol, comme elle le fut elle-même quelque mois plus tôt. "Je crois recommencer à croire à l’amour", lui confie-t-elle. Et d’expliquer : "Le plus difficile, c’est de rencontrer quelqu’un". Ainsi, au rythme des résultats du Brésil, alternant caméra à l’épaule et gros plans pour suivre ce petit monde dans ses activités... et plans fixes et larges pour présenter les lieux (dont deux, lumineux, derrière des barreaux nous laissant nous demander qui de nous ou de l’immeuble est enfermé)... nous passons du squat aux habitants et de ce cas particulier au mode de vie du pays lui-même, écartelé entre misère, foot, danses, chants et religion (prégnance du Christ dans le langage tape-à-l’oeil du télévangéliste R.R. Soares). Loin de ne pas se positionner, Émilie Beaulieu-Guerette offre donc un regard compatissant, ironique et amer... et suffisamment distancié pour nous laisser décider du nôtre. À preuve, il faut attendre la toute fin, sur la plage, pour voir le premier blanc et réaliser combien la misère ici est noire et métisse ! Entre temps, la réalisatrice nous aura permis de constater que si les circenses (jeux du cirque) sont toujours présents, le "struggle for life" a remplacé le panem. Et que, pour optimistes, dynamiques, résignés mais résilients sur leur sort que soient ces habitants, tous sont avant tout les sujets fascinés de ce qui les a marginalisés. Mais qu’importe ! En ouvrant et refermant son film sur Maracaña et les feux d’artifice du lancement et de la fin des Jeux... elle nous rappelle cruellement combien, dans cette société du spectacle, "the show must go on"...
© LES FICHES DU CINEMA 2018
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Exploitation

Nombre de salles de sortie (Paris)1
Nombre d'entrée première semaine (Paris)103
Nombre d'entrées première semaine (France)103
Nombre de salles de sortie (France)1