Synopsis
De Jean-Michel Basquiat, on pensait tout connaître. De ses débuts, quand il traînait à New York en vendant ses cartes postales, à son ascension fulgurante, jusqu’à sa mort le 12 août 1988, à l’âge de 27 ans, d’une overdose de cocaïne et d’héroïne. Maintes fois filmé de son vivant, l’artiste a déjà fait l’objet de nombreux documentaires, comme Jean-Michel Basquiat : The Radiant Child de Tamra Davis (2010) et d’un biopic : Basquiat de Julian Schnabel (1996). Sara Driver prend ici le parti pris de raconter comment Jean est devenu SAMO, puis Basquiat, à travers les témoignages des gens qui l’ont fréquenté dans ses très jeunes années, quand, banni du domicile paternel, ce gamin de Brooklyn est venu repeindre les rues du Lower East Side et de Soho. En 1978, les Blancs ont fui le sud de New York, littéralement à feu et à sang, des quartiers minés par le trafic de drogue et les règlements de compte, où vivote une population pauvre ainsi que de nombreux artistes en devenir. Il s’agit ici de raconter, au moins autant que le parcours de Jean, l’atmosphère qui régnait alors et qui donna naissance à Basquiat donc, mais aussi à de nombreux autres artistes, et au courant hip-hop. Jean Michel Basquiat n’étant que l’un des nombreux protagonistes d’une période artistique foisonnante et profondément enthousiasmante, nourrie par le graffiti, le recyclage, l’usage de photocopieuses performantes mais aussi le punk, la musique industrielle et le rap venu du Bronx. À l’appui, pléthore d’images de l’époque et de ses personnages, parmi lesquels justement la réalisatrice, compagne et productrice de Jim Jarmusch - et dont on comprend qu’elle-même faisait partie de cette communauté d’artistes, profondément indépendants et novateurs, du New York des années 1970-1980 -, qui raconte sa rencontre avec Jean. Nous sommes ici entre amis, et le film bénéficie de témoignages rares, parmi lesquels ceux des amis proches du peintre, comme ses colocataires d’alors - Francis, Alexis (avec laquelle Jean couchait occasionnellement) - qui parlent de son immense ambition, de sa manière de travailler. Ses premières grandes rencontres artistiques, événements majeurs dans la carrière de Basquiat. D’abord avec Al Diaz, qui raconte la formation de SAMO, puis la dissolution du duo ("Jean voulait être le visage de SAMO", explique Diaz qui, vexé, a pris ses distances) ; puis avec Lee Quinones, le "Leonard de Vinci du métro", qui participa grandement à élever le graffiti au rang d’art ; avec Fab 5 Freddy, pionnier du hip-hop qui encouragea l’émergence d’une culture urbaine mêlant l’écriture, la peinture et la musique ; avec Diego Cortez, figure emblématique de la New Wave qui lança définitivement le jeune peintre en vendant sa première toile - pour 500$ - au collectionneur Henry Goldzhaler. "Il a décollé et on savait qu’il ne reviendrait plus", confient ses compagnons de galère. Ce documentaire, dont la sortie accompagnait l’exposition-événement consacrée à l’artiste à la Fondation Vuitton, ravira autant les fans que les novices.
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