Le Premier mouvement de l'immobile (2018) Sebastiano d' Ayala Valva

Pays de productionFrance ; Italie
Sortie en France30 janvier 2019
Procédé image35 mm - Couleur
Durée83 mn
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Générique technique

RéalisateurSebastiano d' Ayala Valva
ScénaristeSebastiano d' Ayala Valva
Société de production Les Films de la Butte (Paris)
Coproduction IdeaCinema (Roma)
ProducteurNicolas Lesoult
CoproducteurClaudio Saraceni
CoproducteurFederico Saraceni
CoproducteurJacopo Saraceni
Distributeur d'origine Les Films des Deux Rives

générique artistique

Bibliographie

Synopsis

Giacinto Scelsi (1905-1988) : compositeur-poète, incontestablement mystérieux (une seule vraie photo de lui, regard perçant, comme pénétré par une source infime et intime de savoir), auteur sans oeuvre (un peu scrupuleux copiste se targue même d’avoir créé à lui seul les plus harmonieuses clés du mystère de sa musique), disait recevoir son art des émanations célestes des Dévas, entités hindoues. Censément atteint par la folie - ce continent anonyme -, il sera interné en Suisse, et vivra reclus jusqu’à son symbolique épuisement, le 8 août 1988, le 8/8/88, le signe infini mis dans la verticale de la spiritualité. Scelsi est archétypal en ce qu’il incarne le parfait musicien d’avant-garde, qui cherche ce qui se joue derrière la note, dans les recoins les plus fermés, les zones les plus sourdes, cette recherche tendue entre deux pôles a priori opaques : comment être noble d’ascendance et las de ce monde ancien ? Comment espérer laisser une trace quand on tient, ultime coquetterie, à écrire sur son tombeau "ici de passage" ? Le personnage Scelsi est fascinant dans son infinité de faux-semblants, et il est donc finalement assez évident qu’un documentaire un peu hiératique ne réussisse qu’à amorcer l’intérêt du spectateur pour ce géant caché. Car ce fragile documentaire est aussi - et surtout - un document de famille contrarié ; le réalisateur avait, enfant, peur de cette musique d’outre-monde, oeuvre d’un cousin éloigné attrayant mais effrayant. Résultat, Le Premier Mouvement de l’immobile rend hommage, paie tribut : il n’est pas tant apologétique que cathartique ; cet homme étrange, c’est le sang de celui qui tient la caméra, ce sont les racines de l’arbre généalogique. Ce n’est plus un artiste, sans enveloppe charnelle, c’est un homme physique, tangible (le réalisateur n’hésitant pas à consolider la posture de Scelsi, en refusant de montrer face caméra les photos qu’il a de lui). Ainsi perd-on ce qu’on cherchait : ce sulfureux goût d’avant-garde, cette dévotion à une idée précise (ce qu’il y a dans les éternelles variations du même son) qui finirait par contaminer le film lui-même. Las, le documentaire ne veut pas transiger sur sa nature didactique première : on verra donc défiler, avec un appétit intellectuel divers, ceux qui l’ont connu, l’ont joué, l’ont éprouvé, l’ont rêvé. Cette galerie de portraits manque d’obscurité et de verticalité parce qu’elle dit - sacrilège - au lieu de montrer, qu’elle cherche l’épure comme on filtrerait un poison, en enlevant patiemment tout vice, e qui revient à considérer une révolution à l’aune de son échec. Il faudrait glorifier l’insuccès de Scelsi, le rendre étrange jusqu’à la consomption, au lieu de vouloir, pesamment, le remettre dans le domaine public, dans le bloc mou de l’avant-garde défraîchie. Erratique, Le Premier mouvement de l’immobile n’est pas sans qualités : il manque juste d’audace - et certainement d’une forme d’enchantement dont son alchimiste d’aïeul était peut-être seul à avoir le secret.
© LES FICHES DU CINEMA 2019
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Exploitation

Nombre de salles de sortie (Paris)1
Nombre d'entrée première semaine (Paris)283
Nombre d'entrées première semaine (France)283
Nombre de salles de sortie (France)1