Upon the Shadow (2017) Nada Mezni Hafaiedh

Upon the Shadow

Pays de productionTunisie ; France
Sortie en France10 avril 2019
Procédé image35 mm - Couleur
Durée80 mn
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Générique technique

RéalisateurNada Mezni Hafaiedh
Société de production Leyth Production (Tunis)
Société de production LaClairière Production (Paris)
Distributeur d'origine Ligne 7
Directeur de la photographieIkbal Arafa
Ingénieur du sonHelmi Belfekih
Compositeur de la musique originaleYacine Azaiez
MonteurTidal Zran
MonteurNoura Nefzi

générique artistique

Bibliographie

Synopsis

Née en Arabie Saoudite de parents diplomates, Nada Mezni Hafaiedh a grandi dans un environnement bien plus cosmopolite et ouvert que ce que promet la société saoudienne, ce qui lui permet d’assumer crânement un sujet toujours très périlleux en pays d’Islam. En effet, Upon the Shadow prend le parti de suivre d’une caméra particulièrement intrusive le quotidien d’homosexuels, travestis et transgenres, tous luttant pour leur liberté sexuelle dans une société tunisienne structurellement homophobe. Les homosexuels tunisiens continuent en effet à être condamnés à de la prison ferme au non de l’article 230 du Code pénal tunisien qui criminalise l’homosexualité, article imposé - comme on l’apprend incidemment ici - par la France en 1913. Malgré le Printemps arabe, les droits des personnes LGBTQI+ n’existent pas en Tunisie, pays pourtant toujours considéré comme le plus libéral du monde arabe. Assumer son homosexualité au grand jour n’y est tout simplement pas possible comme en témoignent certaines scènes du documentaire et nombre d’agressions souvent commises en pleine rue. La recrudescence des attaques y est en effet très inquiétante et pousse bien des Tunisien.ne.s à choisir l’exil. Parallèlement pourtant, la communauté LGBTQI+ et les questions sociétales qu’elle soulève mobilisent de plus en plus les militants des droits de l’homme, des minorités sexuelles et certains réformateurs politiques. Un fait dont rend compte bien trop tard ce documentaire qui pâtit de l’absence d’une réelle analyse politique. Les témoignages seuls ne suffisent en effet pas toujours à étayer le propos, quand bien même ils disent avec une force rare la souffrance, la détresse et la solitude extrêmes des homosexuels, contraints de recourir comme seules stratégies de survie à la prostitution, comme c’est le cas ici, ou à la délinquance. D’autant que bien souvent, et avant même l’annonce de leur homosexualité, ces jeunes entretenaient déjà des rapports conflictuels avec leur famille. Leur coming-out fait définitivement voler en éclats tout espoir de cohésion familiale, notamment de la part des pères, tous ici dans le rejet et violents. Les mères, très sacrificielles, s’en tirent mieux, restant en proximité de fils dont elles se savent être l’unique soutien. Même les frères et soeurs, et tous le déplorent, se tiennent à distance, muselés qu’ils sont par la terrifiante sanction du qu’en-dira-t-on. C’est donc pour Sandra, Ramy, Ayoub et Atef qu’Amina a créé ce refuge. Moue déterminée, piercing et corps tatoué, look garçonne par goût et non par lesbianisme, Amina étant hétérosexuelle, elle prend la défense des homos persécutés comme elle prit la défense des femmes. Dans son cocon baroque, les soirées sont très alcoolisées, les conversations complètement décomplexées, les tenues très sexualisées et les témoignages - et parfois les passages à l’acte - poignants. Upon the Shadow a été primé aux Journées Cinématographiques de Carthage, plus grand festival de cinéma en Tunisie, ce qui est en soi une bonne nouvelle et le signe que doucement la société civile tunisienne se libéralise. Apporter sa pierre à ce nécessaire cheminement est sans doute le plus grand mérite de ce documentaire, par ailleurs très imparfait.
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