Synopsis
L’Éveil de la permaculture , premier documentaire sur le sujet distribué en France en 2017, développait bien la pédagogie de la permaculture mais tombait parfois dans un certain sectarisme. Plus candide et ouverte, cette nouvelle approche est moins didactique, d’une meilleure tenue technique et plus agréable à suivre car elle relate un voyage en Asie, principalement en Inde, fait par une cadreuse-monteuse et un agriculteur urbain adeptes du WWOOFing (World-Wide Opportunities on Organic Farms) qui permet d’être stagiaire-nourri-logé dans un réseau de fermes bio. Leur journal de voyage est l’occasion de montrer en quoi la permaculture est une solution pour nourrir les hommes et sortir de l’impasse où nous conduit l’agriculture productiviste. Leur film développe ainsi une philosophie humaniste et écologique, qui prend en compte les techniques mises en place par la nature elle-même. On retrouve la vision conviviale d’Ivan Illich (non cité dans le film) où les outils les plus simples sont les plus efficaces pour vivre en autonomie. Voyageant par le Transsibérien, les auteurs aperçoivent les petits jardins des datchas qui nourrissent toute la population, puis s’arrêtent en Mongolie, où ils découvrent une serre solaire passive, et ensuite rencontrent Lia Sommer, qui a introduit la permaculture à Hangzhou. Après une halte plus sociale au Népal, ils suivent les cours du professeur Rico Zook à Darjeeling puis sillonnent l’Inde. D’un voyage d’apprentissage, ils reviennent avec un film un peu fourre-tout et superficiel, ne parvenant pas à approfondir des techniques subtiles quoique basées sur les lois de la nature. Aucune théorie n’est développée, le film préfère rester dans l’illustration des pratiques. Les auteurs auraient dû faire des choix parmi les nombreux sujets abordés : jardinage, maraîchage, construction, énergie, relations, solidarité... Ils auraient pu développer certaines interventions. Intéressantes mais frustrantes par leur rapidité, sont les prises de parole de S. Vishwanath montrant l’épuration de l’eau par les plantes, ou celle de Duda Ram montrant comment sortir de l’hétéronomie imposée par la calamiteuse "révolution verte" (à base d’engrais chimiques et de pesticides) pour les paysans du désert du Thar, endettés et poussés au suicide. Vandana Shiva fait une apparition à propos de la conservation des semences, aussi rapide que la visite des jardins sur les toits de Bombay. Le passage à Auroville-la-verdoyante, près de Pondichéry, puis sur le projet Gaïa à Goa, abordent la reconstruction des sols. De retour en France, les auteurs visitent un petit jardin à Rouen où Joseph Chauffray produit sur 25m2 une nourriture suffisante pour deux personnes. Le film se termine à Montlouis-sur-Loire, avec les propos de Maxime de Rostolan, concepteur des Fermes d’avenir. La France elle aussi a tout à gagner en changeant de paradigme agricole. Le bilan de ce premier film est donc contrasté. Sans vraiment tomber dans le film touristique, le documentaire est trop lisse, le commentaire envahissant, et la musique redondante. Il constitue néanmoins une première approche honnête pour ceux qui ignorent tout des techniques de la permaculture.
© LES FICHES DU CINEMA 2019
Réalisateur