Synopsis
Long entretien de 72 minutes, Thomas Pesquet : L’Étoffe d’un héros a pour vocation initiale de clore une série de courts épisodes documentaires réalisés en 2016. Le spationaute y racontait, face caméra, la genèse de ses envies d’espace et sa vie à bord de l’ISS. Dans Thomas Pesquet... le face-à-face a laissé place à une voix off et la genèse, au récit de l’entraînement qui a précédé le décollage de Baïkonour vers la Station Spatiale Internationale, en novembre 2016. Thomas Pesquet n’en est pas à son premier documentaire, et Pierre-Emmanuel Le Goff, coréalisteur de ce nouveau film, est aussi à l’origine de 16 levers de soleil , qui se concentrait sur la vie à bord de l’ISS, en tissant un dialogue entre l’expérience vécue par le spationaute et l’oeuvre de Saint-Exupéry. On retrouve ainsi un certain nombre de similitudes entre ces deux versions d’une même histoire, notamment l’art du storytelling et de la communication de l’habile Pesquet. Dès l’ouverture du documentaire, le spationaute est présenté en héritier des héros de la conquête spatiale d’hier. Une trame volontiers nourrie d’anecdotes sur son enfance, entre autres celle de son premier souvenir lié à l’espace, lorsqu’il jouait dans un cockpit de fusée en carton fabriqué par son père. Le récit n’est pas nouveau, ni très spontané, mais semble être un passage obligé vers la partie la plus stimulante de ce documentaire : l’entraînement du spationaute français et de ses camarades de cordée, Peggy Whitson et Oleg Novitskiy. Contrairement aux images connues des tests réalisés au centre de la Nasa, Thomas Pesquet... a l’originalité de mettre en avant les activités "extra-scolaires"" de ses candidats à l’exploration spatiale : immersion dans des grottes, cours de plongée en apnée avec le champion français Guillaume Néry, qui donne lieu au passage à une séquence très intime et délicate, et qui apporte une dimension humaine à un entraînement quasi-militaire. Tout est finalement affaire de transdisciplinarité, et l’exercice le plus éloigné de l’espace peut se révéler crucial pour, d’une part, en apprendre plus sur soi, et d’autre part, arriver à une meilleure maîtrise de ses émotions face aux dangers d’une telle mission. Et le collectif est aussi un levier crucial de cette maîtrise. Thomas Pesquet... insiste beaucoup sur son importance, la nécessité de tisser des liens étroits, de connaître intimement ceux avec qui on embarque vers l’immensité de l’espace, de manière à ne former qu’un seul corps à trois têtes pour faire face aux problèmes rencontrés dans l’ISS. Dans ce processus, une facette plus méconnue du héros français apparaît, celle de l’élève, humble et avide de l’expérience de ses aînés. Le film fait apparaître l""inexpérience" de Pesquet, plus jeune spationaute français à être sélectionné pour une mission dans l’ISS, ce qui est assez rafraîchissant, en comparaison des multiples documentaires et reportages qui l’ont présenté quasiment comme un être humain infaillible. D’ailleurs, au fil du documentaire, la personnalité médiatique de Thomas Pesquet s’efface au profit de son équipe. On découvre alors les ingénieurs et techniciens qui forment les rouages d’une énorme machine, celle qui fabrique les héros.
© LES FICHES DU CINEMA 2019
