Paroles de bandits (2018) Jean Boiron-Lajous

Pays de productionFrance
Sortie en France18 décembre 2019
Procédé image35 mm - Couleur
Durée90 mn
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Générique technique

RéalisateurJean Boiron-Lajous
Assistant réalisateurChristine Dancausse
Assistant réalisateurAurélien Marsais
Assistant réalisateurHadrien Basch
ScénaristeJean Boiron-Lajous
Société de production Prima Luce
ProducteurLoïc Legrand
ProducteurAntonio Magliano
Distributeur d'origine Docks 66 (Paris ; Marseille)
Distributeur d'origine Ligne 7
Directeur de la photographieJean Boiron-Lajous
Ingénieur du sonChristine Dancausse
Ingénieur du sonAurélien Marsais
Ingénieur du sonHadrien Basch
MixeurN'Dembo Ziavoula
Compositeur de la musique originaleRaphaël Hénard
Compositeur de la musique originaleN'Dembo Ziavoula
MonteurMyriam Ayçaguer

générique artistique

Bibliographie

Synopsis

"Si tu as du coeur, tu as tout", résume un des migrants par gratitude envers les habitants de la Roya. Ce deuxième long métrage documentaire édifiant et humainement lumineux de Jean Boiron-Lajous est le complément parfait du récent Libre de Michel Toesca. Il étend en effet le combat de Cédric Herrou (qu’on retrouve) à plusieurs citoyens ou voisins du magnifique village de Saorge. Du même coup, il place l’amour et la raison (d’État) au centre du tonneau des Danaïdes qu’est l’émigration clandestine. "C’est une belle terre de passage dans tout ce qu’a de beau ce terme", s’émerveille ainsi une femme. Passage : mot-clé pour comprendre ce qui motive, parfois jusqu’à les conduire en prison, ces combattants de l’humain face au droit. "J’ai vraiment l’impression qu’avec ce que je pense, ce que je suis, je n’avais pas le choix", confie ainsi une habitante. Quand ça correspond à mon idéal, je n’ai pas peur d’être en infraction avec la loi ", surenchérit un ex-policier de Monaco. Pour eux, faire "passer" l’autre c’est clairement aller à la rencontre de sa vérité intérieure. Une notion de la justice qui valut naguère à certains d’être élus Justes parmi les Nations. "Tous ceux qui sont là sont posés. Mais je n’ai pas encore pris mon envol" confie un Africain, résumant par cette phrase ses propres enjeux : étudier, travailler, s’accomplir. Or, tous se confrontent à un système ubuesque qui, faute de lois et de règlements précis, fait "qu’on accepte aujourd’hui comme légale la prise en charge de 80 migrants alors que six autres avaient été renvoyés en Italie six mois plus tôt ". Ou bien qu’un Préfet plusieurs fois condamné par la justice administrative continue d’utiliser sans ciller les forces de l’ordre à des fins répressives. Je suis un charnel comme toi. C’est anormal que tu me demandes si ma famille me manque ", s’offusque encore notre passionnant et attendrissant Africain. On l’avait oublié, derrière ce mot bannière d’immigré se cachent des êtres humains souffrant et aimant. On pense à Shylock et à cette évidence : a contrario du voyage, l’exil ne se fait jamais par plaisir. Outre qu’elles magnifient cette enclave de France coincée entre deux morceaux d’Italie - ainsi que (nous) le montre un de ces humanistes en dessinant un plan à des enfants - les images appuient intelligemment le propos, à l’instar du pré-générique : partant de plans fixes surlignant la quiète somptuosité des paysages, la caméra plonge dans la vallée en rasant les flans montagneux comme pour nous faire "passer" d’un état contemplatif à l’action qui s’y joue. Ainsi, pour peu qu’on veuille bien "l’entendre" en plus de le voir et de l’écouter, entre absurdités juridiques et géographiques, antagonismes opposant depuis la nuit des temps intérêts particuliers et collectifs, itinérants et sédentaires, tenants d’un monde ouvert ou délimité par des frontières, révoltés et émules de Sisyphe... ce film du réalisateur de Terra di nessuno (2014) nous convie à la table de Kafka, Weber, Régis Debray, Sartre, Camus entre autres, auxquels on rajoutera Beaumarchais, tant sa roborative, subtile et amère ironie nous donne envie d’en rire de peur d’avoir à en pleurer.
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