Synopsis
Encouragé par la lettre d'un compatriote, Marquès, l'ayant précédé à Paris, Antonio se décide à quitter l'atelier de menuiserie où il végète, dans une petite cité portugaise, pour trouver en France un meilleur travail, bien rémunéré. Clandestinement, avec tout un groupe de travailleurs qui fuient comme lui une vie misérable, Antonio passe la frontière espagnole non sans essuyer les coups de feu des gardes civils espagnols. Pour ce long voyage, il faut payer 200 000 anciens francs au convoyeur, la moitié de cette somme étant versée immédiatement, la seconde moitié, laissée à sa famille, n'étant remise que lorsqu'il sera parvenu au terme de cette odyssée et installé à Paris. Il est convenu, en effet, que lorsque ses parents recevront la moitié de sa photo d'identité, ce sera le signe que leur fils est arrivé à bon port et qu'il a trouvé du travail. Le passage de la frontière française offrira moins de difficultés, mais ces hommes parqués dans ce camion entièrement clos arrivent épuisés. Il leur faudra encore prendre un taxi pour se faire conduira à Champigny où les attendent dortoirs et chantiers de travail. Mais Antonio, qui a quelques connaissances du français et n'a pas oublié une jeune infirmière, Françoise, venue passer des vacances au Portugal, espère obtenir plus rapidement un travail qualifié et les cartes de travail réglementaires indispensables pour se présenter à un office du travail. A la recherche de Marquès, dont ses camarades parlent mystérieusement, il erre d'hôtel en hôtel, puis il se rend à la clinique où travaille Françoise. La jeune femme, surprise, lui donne un rapide rendez-vous, chez elle, pour le lendemain. Mais lorsqu'Antonio se présente, il comprend que ses amis d'un été sont loin de lui, de ses difficultés réelles, de sa détresse imminente, et il s'éloigne discrètement après avoir pris le porto de l'amitié et de l'indifférence mondaine. Ses ressources diminuant, Antonio accepterait volontiers n'importe quel travail, voulant bien renoncer à sa qualification de menuisier. Mais dans ces immenses chantiers de construction, l'embauche est difficile pour qui n'est pas dûment introduit. Enfin, Marquès apparaît affairé, hâtif, mettant rapidement les choses au point. Oui, il va aider Antonio, mais l'obtention des papiers d'immigrant coûte cher : 40 000 francs, l'obtention d'un emploi se monnaie également : le chantier du métro est moins coûteux que le travail d'usine - Citroën ou Renault - mais il faut compter entre 50 000 et 70 000 francs anciens. Le coeur lourd, bouleversé par une telle révélation|#, mais digne et maître de lui, Antonio se résigne à accepter cette exploitation d'un Portugais par un autre Portugais. Ce soir, il partira au bidonville de Champigny, il couchera dans un dortoir - qui ressemble singulièrement aux baraques des camps de concentration - puis il ira travailler en usine. Ainsi se sont écoulés huit jours d'errance à travers une capitale froide, grise, et le voici avec ses compagnons de misère. Pour rassurer les siens sur un sort dont ils ignoreront longtemps qu'il est si douloureux, il poste la moitié de sa petite photographie déchirée. C'est bien le visage d'un Antonio cruellement meurtri que pourra contempler sa mère.
© Les fiches du cinéma 2003