Synopsis
Une jeune réalisatrice vient d'achever un film sur le viol et le regarde avec une amie, interrompant les différentes séquences pour envisager les problèmes que lui a posés un tel sujet. Pour ce travail, elle s'est servie de plusieurs témoignages. Le plus important est celui de Suzanne. Le film montre comment, un soir, un homme l'a forcée à monter à l'arrière de son camion puis, en l'insultant, l'a violée. La réalisatrice s'est interrogée si, en montrant le viol, elle ne flattait pas déjà l'instinct dominateur de l'homme; mais il lui paraissait important de montrer l'acte dans toute son horreur. Les scènes suivant le viol, examens gynécologiques, interrogatoires de police, s'apparentent dans leur froideur à un second viol. S'y intercalent des extraits documentaires sur les femmes-combattantes au Vietnam ou sur l'excision d'une Africaine, par lesquels la réalisatrice tente de démontrer que le viol n'est qu'un aspect de la domination dont la femme est victime. Même si c'est bien un drame personnel que vit Suzanne: dépression mêlée de honte, de peur et du refus de tout nouveau rapprochement sexuel, et contre laquelle Philippe, malgré sa tendresse, ne semble pas pouvoir grand'chose. La question pénale est aussi posée par le dialogue de femmes violées et, parmi elles, des enfants qui l'ont été par leur père, avec un magistrat qu'elles ne parviennent pas à convaincre de la gravité et, pis encore, de la réalité de l'acte. Pour la réalisatrice, le viol n'est ni plus, ni moins qu'un assassinat et le suicide de Suzanne, à la fin de son film, est là pour l'attester.
Copyright, 1995 CMC/Les Fiches du Cinéma
