Synopsis
Le film de Pier-Paolo Pasolini s'appellera « L'Orestie ». Le cinéaste tournera son adaptation en Afrique, car il retrouve dans ce continent, engagé récemment dans la voie de la modernisation, des conditions identiques à celles décrites par Eschyle. Tout au plus lui faudra-t-il antidater son film et le situer en 1960, date symbole à laquelle de nombreux pays acquièrent soudain leur indépendance. Le cinéaste traque les visages, imaginant les rôles auxquels ils pourraient correspondre : Agamemnon, Clytemnestre, Oreste, avec une hésitation pour Electre, car il ne parvient pas à saisir la gravité tragique sur la face rieuse des jeunes filles qu'il croise. La symbolification des Furies lui pose problème, ainsi que leur métamorphose en Euménides, crées par la déesse de la Raison après l'acquittement d'Oreste par le premier tribunal populaire : le réalisateur découvre cependant l'osmose recherchée dans les danses traditionnelles où l'ancienne magie est devenue un rituel superbe et accepté. A un auditoire d'étudiants (dans le film, l'université représentera le temple d'Apollon), Pasolini demande avis et idées. Et la conclusion de l'auteur, comme celle du film à faire, demeure ouverte : dans ces pays souvent socialistes mais soumis aux influences capitalistes des grandes puissances, devra apparaître essentielle la co-existence de l'ancien et du nouveau monde. Avec, pour l'avenir, une progression continue.
© Les fiches du cinéma 2003