Synopsis
Dans une société de plus en plus individualiste et consommatrice, les habitants de la planète vont être condamnés à gérer une cause commune. Demain s’ouvre sur un constat alarmant : une étude publiée dans la revue Nature annonce une destruction imminente de nos écosystèmes. "Dans vingt ans, ce sera trop tard !", prévient, avec un air solennel, un couple de chercheurs. Plutôt que d’assombrir le tableau à la suite de cette prophétie apocalyptique, les réalisateurs choisissent au contraire de présenter des projets concrets pour encourager la population à s’adapter au monde de demain. Ils découpent le film en cinq parties pour passer en revue les problèmes agraires, énergétiques, économiques, démocratiques et éducatifs. Adoptant un ton très didactique, Cyril Dion et Mélanie Laurent s’emploient à démontrer que tout est lié en un engrenage infernal. Demain est un film pédagogique dont les intentions sont clairement affichées et revendiquées. Il pose et répond à des questions simples : qui détient l’argent ? Pourquoi a-t-on besoin de pétrole ? Certes, il est souvent nécessaire de repartir de la base pour décrypter des sujets aussi costauds que la finance ou le système économique, mais en l’occurence, c’est au risque d’enfoncer des portes ouvertes. Après avoir condamné les aberrations écologiques et culturelles, les éminences grises et bien sûr l’Homme, qui pense et agit selon une dictature de la surconsommation (il faut sans cesse produire pour gagner plus d’argent), une cascade d’initiatives remet du baume au coeur. Pour prouver qu’il existe des solutions pour sauver un monde en perdition, le film nous propose une multitude de portraits. Notamment Rob Hopkins, qui a littéralement transformé Totnes (R-U.) en inventant une monnaie locale et en ouvrant au public des terrains potentiellement fertiles : l’agriculture urbaine pousse les habitants à se rencontrer autour d’une plante. Les fermes rurales fascinent par l’agencement de leur plantation, comme dans la serre du Bec Hellouin (une référence en matière de maraîchage bio), où chaque élément joue un rôle pour qu’il ne soit pas nécessaire de recourir aux pesticides. Leur basilic très odorant chasse les insectes et les raisins, disposés en hauteur, abritent les tomates tout en les hydratant. La dernière partie porte sur l’éducation. Petites lunettes à écailles et costume décontracté, Kari Louhivuori, principal de la Kirkkojarvi Comprehensive School (Finlande), présente ses méthodes, très efficaces si l’on en croit les derniers résultats de l’enquête PISA. Ses élèves ne sont pas soumis à un modèle éducatif strict. Respect mutuel et proximité sont le moteur de cet enseignement pluridisciplinaire : ils apprennent les sciences et le français mais aussi à cuisiner, ranger, travailler le bois... Le tour du monde de Cyril Dion et Mélanie Laurent a donc le mérite de proposer un éventail de solutions concrètes pour limiter les dégâts écologiques et préserver des conditions de vie stables sur Terre. En revanche, le ton du film peut agacer, comme cette façon très parisienne de montrer la campagne, en filmant des canards, des lacs et des feuilles d’arbres sur fond de musique pop.
© LES FICHES DU CINEMA 2015
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