Synopsis
"Alors, c'est toi le métèque? - Alors c'est toi la pétroleuse?" Telles avaient été les premières paroles qu'ils avaient échangées. Et puis ils s'étaient juré qu'ils ne se laisseraient pas anéantir par l'usine, où ils travaillaient tous les deux, et où ils s'étaient rencontrés, qu'ils partiraient, qu'ils sauvegarderaient "la rigolade". Maryvonne se le rappelle bien, dans le car qui l'emmène vers Paimpol, parce que, aujourd'hui, elle a craqué: elle n'en peut plus ni de la vie de famille, ni de l'usine avec sa chaîne et ses petits chefs, et elle a décidé de prendre un bol d'air. Elle l'avait dit, pourtant, qu'elle ne voulait pas se marier, mais quand elle s'est retrouvée enceinte de Tito, Joël n'avait rien voulu savoir: "tu te rends compte que tu fais une prise d'otage?". Alors elle avait cédé: ils s'étaient mariés, installés, ils avaient eu leur bébé; ils s'aimaient, après tout. La vie s'était organisée, pas facile: l'enfant, la maison, les luttes à l'usine. Les licenciements menaçaient: il avait fallu occuper l'usine, se battre. Un journaliste de "Ouest-France" couvrait la grève. Il l'avait interviewée, assurée de son soutien; il lui avait même conseillé d'écrire sa vie à l'usine. Oui, elle se le rappelle, aujourd'hui, dans le car qui roule pour Paimpol. Après la lutte il avait bien fallu recommencer: la chaîne, l'enfant, la maison: l'horizon était bouché. Pour fuir son quotidien, elle fantasmait, de plus en plus souvent: le Canada, la Révolution, Hollywood... Avec Jean-François! D'ailleurs Paimpol c'est, un peu, pour lui faire lire ce qu'elle a écrit, et elle le lui apporte. Il lit et il aime. Mais il n'aura pas de soirée idyllique. Elle retourne vers Joël. Ensemble, non sans mal, ils décident de repartir à zéro... via le Canada, après que Joël a incendié leur maison.
Copyright, 1995 CMC/Les Fiches du Cinéma