Synopsis
Sur la toile blanche de l'écran, le crayon de Picasso court avec fermeté et souplesse et un dessin s'élabore devant le spectateur, dans un silence recueilli où seul s'entend le crissement du fusain. Dès le deuxième tableau qui sera suivi d'une dizaine d'autres, une musique abondante et riche, aux rythmes les plus variés, accompagne ce mystérieux cheminement de la création artistique où Picasso - qu'on l'apprécie ou qu'on ne le comprenne pas - se montre virtuose. Et devant chaque nouvelle toile blanche s'opère cette création magique, partie d'un simple trait noir, dans l'angle ou le centre de ce vide lumineux, transformé et modifié par des bourgeonnements incessants, auxquels la symphonie des couleurs aux rapprochements audacieux confère richesse dans la simplicité ou au contraire harmonie, dans l'abondance des tons. Aux dessins surréalistes si surprenants qu'ils relèvent de la jonglerie, succèdent des tauromachies - rares sujets où Picasso oublie son goût de la mystification pour rester fidèle à l'esprit initial du premier trait de crayon : ses scènes de corrida où le taureau vainc toujours l'homme sont les plus saisissantes et accessibles au public le moins initié. Mais Picasso affectionne ces mutations extravagantes de quelques fleurs en un poisson joufflu, puis un coq altier enfin en une tête de diable d'un burlesque inquiétant. Et le spectateur impuissant et consterné par ces transformations successives qui lui semblent massacrer une toile dont l'état antérieur paraissait préférable, doit subir vingt, trente modifications successives que la caméra lui assène à un rythme diabolique. La dernière fusée de ce feu d'artifice est la plage de la Garoupe, présentée en cinémascope, avec les transformations incessantes qu'apporte Picasso à cette grande fresque, à partir de l'édifice primitif aux tendres couleurs jusqu'au tableau noir et tourmenté.
© Les fiches du cinéma 2001