Synopsis
Pierre est un jeune homme sérieux, tranquille et plein de bonne volonté. Mais dans ce 20e siècle, de plus en plus menacé par les effets d'un modernisme absurde, il ne se sent guère à son aise. Tout, autour de lui, n'est que bruit, précipitation, bousculade, dans un décor envahi par les grues, les marteaux-piqueurs, les voitures. Ainsi, Pierre attend dans son coquet appartement la visite de sa fiancée. Tandis qu'il se repose, les marteaux-piqueurs se mettent justement à défoncer la chaussée : tout tremble, dans la rue, comme dans l'appartement. Sous l'effet de la trépidation, le portrait de la fiancée tombe dans la corbeille à papier : stupeur de celle-ci quand, étant arrivée, elle constate ce qu'elle pense être un acte de malveillance. Elle s'enfuit. Pierre tente de la rattraper. Tout continue à trembler, dehors ; et de plus, il y a les voitures, bloquées en de longues files compactes. Et tout, dans cette histoire, est à l'avenant ! Pierre, surmené, va consulter son médecin. De nombreux malades, dans le même cas, attendent. Le méde-cin, surmené lui-même, ne peut que répéter : du repos, du repos. Se reposer oui, mais où ? Pierre part à la campagne. Muni de son matériel de camping, il pense avoir trouvé le coin idéal et s'apprête à déguster les délices de la tranquillité et du silence. Mais un gendarme survient, qui l'oblige à intégrer un camping communautaire, véritable univers concentrationnaire, organisé et standardisé. D'où il ne tarde pas à s'enfuir. Revenu à la ville, il connaît les vicissitudes du restaurant, ou un voisin distrait avale les médicaments qu'il se destinait ; au cinéma, l'agression des slogans publicitaires l'accable. Va-t-il chez des amis pour se détendre, qu'il trouve ces derniers conditionnés aux gadgets et autres produits d'entretiens, refléts des slogans du cinéma. Et ainsi de suite. Pourtant, un havre de paix semble pointer à l'horizon fermé de Pierre : la chasse. Seulement, dans les bois, il y a des piqueniqueurs. Et cela ne serait rien encore, sans des bulldozers qui arrivent en force pour défoncer la forêt. Pierre s'enfuit donc, encore et toujours. Jusqu'au bout du monde, dans une île déserte ou enfin, le silence, croit-il, ne peut désormais lui échapper.
© Les fiches du cinéma 2001