Synopsis
Le célèbre court-métrage militant "La reprise du travail aux usines Wonder", tourné le 10 juin 1968 à Saint-Ouen par une équipe d'élèves de l'IDHEC à la fin d'une grève de trois semaines, est présenté en vidéo aux auteurs du film et aux participants de l'événement. Pierre Bonneau, qui était à la caméra, et Jacques Willemont, le preneur de son, rappellent les conditions de ce tournage improvisé. La parole est donnée à deux responsables communistes figurant dans les images du film aux côtés de la jeune femme qui crie qu'elle ne « rentrera pas », qu'elle « y foutra plus les pieds, dans cette tôle » : Pierre Guyot, secrétaire d'une cellule locale du PCF, et Maurice Bruneau, responsable du Syndicat des métaux de Saint-Ouen, tentaient tous deux de la convaincre que les accords salariaux de Grenelle étaient une « victoire » et ils maintiennent aujourd'hui leur point de vue d'alors. Jacques Joubert, délégué CFDT de l'usine, parle au contraire d'«amère défaite », rappelle que les ouvrières n'ont obtenu que des années plus tard les améliorations promises et évoque la « normalisation » répressive qui a suivi la reprise du travail. Poulou (qu'on voit aussi dans le film en train de polémiquer avec Pierre Guyot) raconte ses souvenirs de lycéen maoïste n'osant pas trop dévoiler ses opinions face aux militants communistes. D'anciennes ouvrières décrivent leurs épuisantes conditions de travail, surtout dans l'atelier le plus insalubre, celui du « charbon », d'où elles sortaient couvertes de poussière noire. Il est question aussi de Bernard Tapie, accueilli comme « le Bon Dieu » quand il a racheté l'usine en 1984 mais qui l'a revendue après avoir procédé à de nombreux licenciements. Au terme de son enquête, qui groupe des entretiens avec une trentaine de personnes représentant toutes les catégories professionnelles et les opinions politiques, le réalisateur déclare qu'il n'a pu retrouver la jeune femme mais seulement apprendre son prénom : Jocelyne.
Copyright Bibliothèque du film, 1997