Synopsis
Le 31 mai 1965 est signalé la disparition d'Oshima Tadashi, trente ans, représentant pour une entreprise de fabrication de plastique. Alors qu'il était parti en voyage d'affaire, il ne s'est pas présenté à un rendez-vous. Depuis, plus de nouvelle. C'est la fiancée d'Oshima, Yoshie Hayakawa qui a demandé à l'équipe de Shohei Imamura de l'accompagner pendant sa quête. Cinéaste reconnu, il est des rares réalisateurs a avoir reçu deux fois la Palme d'Or à Cannes. C'est un jeune homme, mais ayant déjà 8 films à son actif, qui entreprend cette enquête, véritable documentaire avec des accents de cinéma-vérité et des artifices de fiction. Dès l'abord, en interrogeant le patron du disparu, on apprend qu'il y a peu ce dernier avait dérobé quatre cent mille yens. Décrit par ses collègues comme un être faible et timide, médiocre vendeur, porté sur la boisson, il n'avait guère d'amis... quelques partenaires de beuveries exceptés ! Enfant, il avait perdu ses parents très tôt... un drame qu'il partage avec sa fiancée. Celui qui aurait du être le témoin de son mariage révèle, qu'avant sa disparition, Oshima avait pris trente mille yens sur les économies pour les noces. Sayo, la soeur aînée de Yoshie, espère que le film aidera sa soeur à tourner la page. C'est alors la première invocation des esprits : ce sont les vieux parents éplorés qui cherchent un peu d'espoir dans la prophétie. Pour l'honneur de la famille, ils ont caché la disparition de leur quatrième fils. Les rencontres se poursuivent. Yoshie avoue qu'elle est encore amoureuse, et repousse toute proposition de mariage. En fréquentant les bars où Oshima avait coutume de se perdre, on le découvre séducteur, tombant les filles chaque soir... on rencontre une de ses maîtresses. La traque se poursuit, elle semble sans fin. Plus on s'approche de lui, plus on le cerne, plus le mystère s'épaissit. Pourquoi cet homme a-t-il disparu ? Mais pouvait-il ne pas disparaître, prisonnier d'une vie insensée, hystérique, telle une fuite en avant toujours recommencée. Dès lors, l'intérêt se porte sur Yoshie, la survivante, la révoltée. Un autre personnage prend davantage de place, celui de Sayo, placée très jeune dans une maison de geishas, femme volontaire qui a toujours lutté pour son indépendance. Les deux soeurs se détestent, leur affrontement est inévitable. En fait, Imamura dresse un portrait saisissant d'un Japon en mutation. Il pousse le malaise de la civilisation qu'avait ébauché Ozu vers un paroxysme qu'illustre parfaitement l'absurde disparition de l'homme et la haine des survivants. Un document rare.
© LES FICHES DU CINEMA 2002
Réalisateur