Synopsis
En 1999, les 180 habitants du village savoyard de Marthod, regroupés autour de la très active "Association Histoire et Traditions de Marthod", contactent Anne et Erik Lapied, cinéastes documentaristes enracinés dans les Alpes, afin d'imaginer et réaliser une histoire retraçant la vie quotidienne d'un village de montagne au début du siècle. Ainsi est né ce film qui alterne les séquences actuelles de témoignages et reportages, en couleurs, et, les séquences historiques, en noir et blanc, reconstituées et interprétées par les villageois avec un soin et un souci du détail remarquables. L'introduction d'une fiction rend la partie ancienne particulièrement vivante. C'est en effet à travers le projet de mariage de la jeune Rosine avec Pierre, contrarié par son frère Alfred, que le spectateur découvre les activités et les préoccupations des montagnards d'autrefois. Au fil des saisons, sont mises en scènes les veillées autour du feu, les labours, les masques de Mardi Gras, l'école en 1910 et son instituteur républicain, la montée des troupeaux aux alpages, la Fête Dieu et sa procession, les moissons et les foins, le séjour du cousin parisien, la course de luges chargées du bois coupé, les jalousies et les vieilles querelles, et surtout l'angoisse du partage de la terre qui complique tant les unions. Rosine et Pierre auront gain de cause. Leur mariage sera célébré dans la liesse, au son de l'accordéon.Aventure collective et pari culturel, ces Sentiers du Petit Bonheur, sont en quelque sorte un film ATP (Arts et Traditions Populaires), comme les musées du même nom. Mais plus qu'un simple conservatoire, les talents conjugués des Lapied et des villageois, qui durant une année ont déployé enthousiasme et précision, aboutissent à une transmission de la mémoire extrêmement vivante et chaleureuse, pouvant prétendre à intéresser un public plus large que celui d'une région. En effet, le mode de vie, les noms et les mots sont, certes, particuliers à un lieu mais bien des détails trouveront un écho chez les spectateurs originaires d'autres campagnes. Le parti pris de se limiter à une histoire assez récente sur laquelle subsistent dans chaque famille objets, documents photographiques et même témoins vivants, comme Marie, née en 1903, a permis justesse et émotion. Bien sûr l'interprétation, quoique pleine de sincérité, est souvent maladroite mais elle s'améliore au fil des scènes et la jeune fille qui joue Rosine fait preuve d'un joli naturel. La qualité de l'image, particulièrement celle du noir et blanc, superbe, la subtilité des liaisons passé-présent, l'intelligence didactique des parties historiques et le travail d'authenticité qui a présidé à la réalisation des costumes et des décors contribuent à la réussite de ce film "hors du commun".
© LES FICHES DU CINEMA - 2000
