Synopsis
Tout a commencé à Fort Louis, en Alsace, en 1768 à la naissance de Moïse Blin... à moins que cela n'ait commencé en septembre 1987 quand une centaine de personnes venues des quatre coins de la France se sont retrouvées, le temps d'un week-end, sur la terre de leur ancêtre commun : Moïse Blin... et tout cela parce que deux passionnés de généalogie avaient fait se rencontrer tous ces cousins ! L'histoire de la famille est toujours un reflet de l'Histoire... alors l'histoire des descendants d'un petit colporteur juif alsacien c'est aussi l'Histoire des Juifs en France avec en écho l'Histoire de France. Moïse est un rabbin qui va de village en village pour vendre des tissus. En 1794, la famille s'installe à Haguenau. Plusieurs lignées sont engendrées. En 1827, les familles partent pour Bischwiller, cité drapière. Certaines y font fortune : deux métiers à tisser au départ pour construire une usine complète en 1861. Dix ans plus tard, la France perd l'Alsace. Toutes les lignées optent pour la nationalité française. Les patrons des usines Blin/Fraenckel, avec leurs ouvriers, prennent la direction d'Elbeuf en Normandie. A la veille de la Grande Guerre, les usines familiales sont les plus importantes de la ville où elles emploient plus de cinq mille personnes. Entre les guerres, la plupart des membres de la famille rejoignent Paris. La guerre de 1939-1945 est vécue comme par toutes les familles juives : séparation, fuite, résistance, camps, mort. C'est dans les années 70 que ferment les usines Blin. Pour le reste de la famille, c'est l'heure des mariages mixtes, des changements de nom, des conversions à d'autres religions ou à l'inverse du renforcement de l'appartenance au judaïsme. Jusqu'à ce week-end en 1987 quand se réunissent pour la première fois les descendants de Moïse Blin. Les matériaux utilisés par la réalisatrice pour plonger au coeur de l'histoire, de son histoire, sont multiples : images d'archives, documents, reportages, mises en scène et entretiens se succèdent pour dessiner la mémoire d'une famille. On sent en toute chose le soin méticuleux avec lequel tout a été pensé : le décor évolutif, l'utilisation de l'espace, les différents niveaux de narration... On devine le travail d'auteur, très écrit, très mis en scène... et la réflexion à laquelle il nous invite. Mais voilà, ces différents niveaux de lecture n'éveillent pas en nous le même intérêt. Si l'évocation de l'Histoire des Juifs d'Europe et l'évolution de la perception des Juifs au travers le temps informent avec rigueur, si les souvenirs de la Shoah émeuvent et révoltent avec vigueur... la petite histoire de la famille au fil des siècles est loin de susciter le même enthousiasme. Il y a même des moments de profond ennui pour qui n'est pas concerné par la famille. Il y a de vrais moments de cinéma aussi et la sensation d'assister à un témoignage sincère.
© LES FICHES DU CINEMA - 2000
