Synopsis
Quelques images pour commencer : des images d'une Pologne tranquille, d'un fleuve qui s'écoule loin du vacarme des villes et de la fureur de la guerre. On est en 2000. Auschwitz panse encore ses plaies... Puis une voix off, tranquille elle aussi. Qui dit ce qu'a été Auschwitz, qui dit les corps que les eaux de la Vistule gardent encore en mémoire, qui dit ce que tout le monde sait ou devrait savoir, qui dit la Shoah, les chambres à gaz, ces vérités historiques incontestables que certains contestent, avec discrétion pendant des années, avec force depuis un certain temps, qui dit le négationnisme enfin, ce mensonge de la fin du XXe siècle qui pourrait devenir mensonge du XXIe siècle. Changement de plan. Simone Lagrange et deux autres anciens déportés témoignent dans la maison des enfants d'Izieu :ils témoignent devant un parterre d'adolescents de ce qu'à été leur souffrance, il y a 50 ans et de ce qu'est leur souffrance depuis. L'enquête commence, le film aussi.
Autopsie d'un mensonge n'est pas une nouvelle version du Shoah de C. Lanzmann, pas une série de témoignages sur les horreurs de la guerre, mais une tentative d'explication du négationnisme. Comment l'idée que les chambres à gaz n'ont peut-être pas existé a pu germer dans l'esprit de certaines personnes, et comment cette idée a pu se propager dans des milieux aussi variés que les microcosmes nationalistes (l'extrême-droite) ou révolutionnaires (l'ultra-gauche) pour devenir le cheval de bataille d'un certain Islam militant et fanatisé, à la tradition antisémite parfois bien ancrée. J. Tarnero, pour arriver à ses fins, procède par entretiens. C'est simple, direct et efficace. Et jamais lassant, parce que les interlocuteurs choisis ne sont pas des spécialistes ès négationnisme mais des gens qui posent des questions et se les posent à eux-mêmes, qui parfois ne détiennent pas les réponses mais toujours font avancer le débat. Parfois de façon équivoque d'ailleurs : on ne parle pas ici de Garaudy dont les propos sont malheureusement loin d'être équivoques, ni de son fidèle ami l'Abbé Pierre, mais plutôt d'un J-G. Cohn-Bendit assez sibyllin quant à ses doutes passés sur certaines vérités historiques. C'est d'ailleurs quand Tarnero s'arrête sur les raisons qui ont parfois poussé une gauche extrême ou libertaire à s'approprier la dérive négationniste que son film est le plus intéressant. Comment certains révolutionnaires, tout à leur idéologie et leur dogmatisme ont pu réfuter l'extermination des Juifs, ne comprenant pas comment une classe dominante aurait pu si facilement se passer de ceux qui auraient pu représenter la masse laborieuse ! En tout état de cause,
Autopsie... est un film pédagogique et passionnant, donc indispensable !
© LES FICHES DU CINEMA 2002
