Synopsis
Au temps de la marine à voile, un bateau français quitte les côtes Sénégal, de nuit comme un voleur. A son bord, outre l'équipage, des centaines de noirs, enlevés ou achetés, sont entassés dans les cales, fers aux pieds. Parmi eux, le narrateur, qui au long des dix-huit semaines de traversée, déroule un récit concentrant toutes les atrocités que vécurent au fil des siècles les millions d'Africains arrachés à leur terre pour finir esclaves dans les plantations du nouveau monde. Dans cet univers limité à la cale et au pont, anonyme, il voit et il dit les conditions effroyables, les coups, les viols des femmes et des fillettes par les marins concupiscents, l'infâme bouillie en guise de nourriture, l'eau croupie, les rats, les suicides et les corps jetés à l'eau sans rituel, les fièvres mortelles touchant parfois les marins qui les ont causées, les danses obligées au son d'un affreux violon. Il dit aussi l'incompréhension sans fond, les rêves d'Afrique, les questions sans autre réponse que la peur dans les yeux des tortionnaires. Il dit la tentative de révolte jugulée dans le sang et les sévices. Il dit l'arrivée et son geste fou qui lui coûtera la vie, l'ensevelissant à jamais dans ce passage du milieu, terme pudique donné au deuxième côté d'un triste commerce triangulaire. Sa voix, au-delà du temps, convoque sans haine toutes les responsabilités.
© LES FICHES DU CINEMA 2001
