Synopsis
São Paulo, Brésil - 16 millions d'habitants, chiffre officiel. La plus grande mégalopole d'Amérique du Sud et l'une des cités les plus peuplées de la planète. Une forêt de gratte-ciel qui assimilent davantage São Paulo à New York qu'à son éternelle rivale, Rio de Janeiro. Dans cet univers urbain démesuré où bat le pouls de l'économie brésilienne, des centaines de milliers de migrants du Nordeste sont venus chercher du travail. Le Nordeste comprend les 9 états du Nord-Est du Brésil réputés comme les plus deshérités du pays. Deux troubadours issus de là-bas vont servir de leitmotiv au rythme du film par leurs vers déclamés en musique. Ils sont Repentistas, du terme "repente" qui est un genre poétique et musical basé sur une improvisation permanente et pratiqué sur le mode du duel, de la joute oratoire entre deux personnes. La scansion des strophes, le dépouillement musical font de ces Repentistas les ancêtres du Rap. Sonhador et Peneira vivent de cet art de la rue et commentent avec humour mais aussi gravité la difficulté des Nordestins à s'intégrer à une ville un brin monstrueuse où ils ne sentent toujours pas à leur place, et même en situation de déracinement.Aux deux extrémités de la réussite sociale, il y a Fran, employée de maison, et sa fille aînée, qui adorent aller danser pour évacuer leurs soucis. Et Dona Erundina, qui bravant les moqueries dont sont victimes tous les originaires du Nordeste, est parvenue à exercer un mandat de maire de São Paulo, développant tout particulièrement le secteur d'entraide aux pauvres. Puis Emanoel Araújo, directeur de la pinacothèque. Assis Angelo, animateur producteur d'une émission de radio très populaire auprès des Nordestins. Ou bien encore la Banda de Pífanos, trois générations de musiciens d'une même famille, un duo féminin de repentistas et une femme chauffeur de taxi qui se perd régulièrement dans le dédale des rues de ce labyrinthe trop étendu pour elle. "Saudade do futuro" est un titre qui exprime bien l'ambivalence du propos. D'un côté, la Saudade, ce doux sentiment de nostalgie d'un paradis perdu, et de l'autre la nécessité de faire parler le futur incarné par cette mégalopole du XXe siècle, source de toutes les frustrations mais aussi de tous les rêves. Pointant avec lucidité la part d'illusions que véhicule cet eldorado urbain qu'est São Paulo, le film draine pourtant derrière lui, par la grâce de personnages remplis d'énergie vitale, un parfum d'optimisme et de chaleur revigorante.
© LES FICHES DU CINEMA 2001
