Synopsis
Paris à tout prix, c'est une plongée in vivo dans la mare aux canards. En 2h15, quatre actes et la voix off idoine de Claude Rich tour à tour M. Loyal et Cassandre, Yves Jeuland et Pascale Sauvage dissèquent ce qu'a été la bataille pour l'élection de mars 2001 à la Mairie de Paris. Cela commence en 1999, avec l'annonce par Jean Tibéri de sa candidature à sa propre succession pour se terminer deux plus tard par l'élection de Bertrand Delanoë au fauteuil de maire. Entre temps, rien ne nous sera épargné des haines, mesquineries, amitiés (elles semblent exister parfois), intrigues qui sont le quotidien de toute campagne électorale mais qui sont probablement exacerbées ici par l'importance de l'enjeu. Il y a évidemment quelque chose de fascinant dans cette comédie du pouvoir. De fascinant et de comique même. Comment ne pas sourire devant les pronostics de Jacques Toubon, persuadé de la candidature de Lionel Jospin à la Mairie. Comment ne pas se moquer du comportement de Xavière Tibéri et du soutien inconditionnel et pathétique qu'elle apporte à son mari. Comment ne pas rire de l'hypocrisie d'un Jack Lang prêt à se damner pour Paris un jour avant de retourner piteux dégraisser le mammouth de l'éducation nationale. Sans parler des sorties de Françoise de Panafieu sur Tibéri et Séguin, des coups de téléphone de Jean-François Probst aux maires de droite de la capitale pour les convaincre de soutenir Tiberi, du comportement électoralement suicidaire enfin de Philippe Séguin qui dit ouvertement que la perte de Paris passera probablement inaperçue au milieu de la bérézina qu'aura à subir la droite au niveau national. Il faut le dire : toutes ces révélations n'en sont pas et Paris à tout prix n'est pas du journalisme d'investigation. Il permet - et c'est déjà beaucoup - de mettre en lumière des comportements dont on suppose qu'ils existent mais que l'on a rarement l'occasion de vérifier. Sur le dispositif mis en place il n'y a donc pas grand-chose à redire : toutes ces confidences ont été obtenues grâce à la promesse des réalisateurs de n'en rien diffuser avant que l'élection ait eu lieu. Le résultat, lui, laisse perplexe. Non pas quant à ses qualités qui sont évidentes, mais quant aux conclusions qu'on peut en tirer sur l'état de la démocratie en France et, plus encore, sur la nature humaine en général. Pour qui a des convictions affirmées, le tableau prête finalement plus à pleurer qu'à rire. Et l'on se prend à souhaiter que la mise en image de ce genre de comportements amène une révolte salutaire et une volonté démocratique encore plus grande. Sinon, tout cela n'aura été que divertissement, du spectacle politique en somme.
© LES FICHES DU CINEMA 2001
