Le Moindre geste (1970) Jean-Pierre Daniel, Fernand Deligny

Pays de productionFrance
Sortie en France17 novembre 2004
Procédé image35 mm - NB
Durée105 mn
DistributeurShellac (source : ADRC)
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Générique technique

RéalisateurJean-Pierre Daniel
RéalisateurFernand Deligny
ScénaristeFernand Deligny
ScénaristeJosée Manenti
Société de production Slon/Iskra
Distributeur d'origine Shellac Distribution
Directeur de la photographieJosée Manenti
Ingénieur du sonGuy Aubert

générique artistique

Richard Brougère
Numa Durand
Anita Durand
Marie-Rose Aubert
Yves Guignard

Bibliographie

Synopsis

C'est le genre de film qui a une histoire. C'est aussi le genre de film qui peut difficilement exister indépendamment de son histoire : et c'est là, hélas, que réside sa limite. Mais, commençons par le début. L'histoire, donc. F. Deligny était pédagogue. Il avait aussi des rapports avec le monde du cinéma. Ainsi, A. Bazin l'avait consulté à propos du cas d'un de ses protégés : François Truffaut. Plus tard, il entretint une correspondance avec le même Truffaut, qui sollicita ses conseils, notamment lors de l'écriture des 400 coups ou de L'Enfant sauvage. Auparavant, dans les années 50, Deligny avait créé dans les Cévennes une sorte de centre d'accueil, où il s'occupait, avec des méthodes assez modernes, d'adolescents dits "problématiques". C'est là qu'il fit la connaissance d'Yves, débile profond jugé "irrécupérable". De 1962 à 1964, F. Deligny, avec la complicité de Josée Manenti, va filmer Yves. Les images sont tournées sans scénario, et également sans prise de son. En revanche, chaque soir la voix d'Yves est enregistrée. Il raconte sa journée, puis dérive dans ses délires. Faute de capitaux, ces heures d'images et de sons resteront inexploitées. Jusqu'à ce qu'en 1969, la malle où étaient stockées les bandes atterrisse entre les mains de l'opérateur J-P. Daniel. Ce dernier va alors passer deux ans à monter les images, et les mixer avec la voix d'Yves. Enfin, en 1971, Le Moindre geste existe, et est présenté à Cannes, dans le cadre de la Semaine Internationale de la Critique. Plus de trente ans après, alors que le film est enfin offert au public, sa dimension d'expérience inédite et d'oeuvre marginale reste intacte. Par une succession de séquences à la fois hyper-réalistes et totalement surréalistes, Le Moindre geste raconte (ou plutôt montre) les quelques heures de liberté d'un débile, entre son évasion d'un centre spécialisé et son retour dans l'institution. Dès les cartons du générique, la rage qui anime le projet est perceptible. Puis, cet enchaînement d'images étranges commentées par d'incessants hurlements quasi-incompréhensibles confirme : il s'agit là d'un film qui refuse au spectateur tout confort, tout jeu de séduction. De cette matière passée de main en main, de ces brassages successifs, est donc sortie une liqueur âpre et violente, dure à encaisser. Un film qui, courageusement, pousse à fond la démarche qui consiste à devenir ce que l'on montre. En l'occurrence, antisocial, primaire, poétique, agressif, incompréhensible : l'idiot du cinéma. Dans son jusqu'au-boutisme, le film déconcerte et séduit intellectuellement. Mais il manque hélas un élément conducteur pour faire le lien entre nous et lui. Et, si quelques séquences trouvent un certain souffle poétique, l'ensemble restera, pour l'essentiel, un parcours assez éprouvant, au sein d'un mystère irréductiblement hermétique.
© LES FICHES DU CINEMA 2004
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