Synopsis
Frédéric Videau est là, devant la maison de ses parents. A presque 40 ans, il se souvient de son adolescence, des vainqueurs du Tour de France, de ces questions jamais formulées à son père. Car s'il est revenu chez lui, près d'Angoulême, c'est pour filmer ce dernier. Le faire parler. De leur relation, de lui, d'eux. Il le suit dans les locaux de son usine (après la débauche), en visite chez son frère, et le voit jouer avec ses petits-enfants. Car son sentiment d'être différent de son frère et de sa soeur, et surtout de son père, a toujours taraudé Frédéric. Il veut en savoir plus. Ressentent-ils comme une trahison son départ et son parcours professionnel ? Ses films ? Ce film consacré à son père ? Et sa mère, que pense-t-elle de tout ça ? Elle souhaite qu'il soit heureux, voudrait le voir plus souvent, être à nouveau grand-mère... mais n'est d'aucune aide pour éclaircir ses doutes quant à sa relation avec son père. Même l'ancienne petite amie est convoquée... Vient enfin le moment de la confrontation tant attendue. Et la question cruciale posée : "pourquoi ne m'as-tu jamais aimé ? N'as-tu jamais accepté ma différence ?" Papa Videau est un peu désarçonné. Parce que s'il n'a pas toujours su lui exprimer tout son amour, jamais il n'a douté de l'intensité et de la sincérité de ses sentiments à l'égard de son fils. Leurs différences, bien sûr il les a ressenties, mais jamais il n'a souhaité les évoquer pour ne pas perturber Frédéric, le gêner. Sa féminité, sa préciosité, son célibat lui posent-ils question ? Pas plus. Jean-Claude souhaite le bonheur de son fils. Il aimerait le voir heureux à la tête d'une petite famille, mais se garde bien de le juger. Alors Frédéric, rentré dans le cadre depuis un certain temps, en vient presque à soliloquer à l'image. Titille son père. A-t-il pensé un moment que son fils pouvait être homosexuel ? Cela aurait-il été un problème ? Non, seuls comptent le bonheur, le respect, la fidélité, la complicité. Venu filmer son père, F. Videau s'en retourne en se filmant lui-même et en s'offrant le rôle titre (tout un symbole). Sa démarche ouvertement introspective, devient très vite nombriliste. Pourtant, le contraste entre le cinéaste et ses proches est si criant que les échanges ne sont jamais inintéressants ! Assailli de questions sur sa propre différence, qu'il n'a jamais été capable d'assumer, F. Videau en oublie d'écouter les réponses de ses parents (d'une modestie, d'une sincérité et d'une générosité flagrantes) et s'avère incapable de se laisser aller sans tout sur-intellectualiser. Comme pour Omelette ou les Yeux brouillés (de Rémi Lange), on peut trouver pénible cette exhibition du cinéaste. Ce témoignage se révèle néanmoins riche et complexe, et finalement, universel à force d'aller au plus simple, à l'essentiel sans s'encombrer de l'anecdotique. Avec humour et sensibilité.|#|#
© LES FICHES DU CINEMA 2001
