Synopsis
Réalisé en 1999, Le Vieil homme et la mer a remporté en mars 2000 un Oscar. C'est donc l'occasion d'une nouvelle sortie sur les seuls écrans classiques pour ce film d'animation russe destiné au départ aux écrans paraboliques IMAX. Cette sortie s'accompagne de la première réalisation d'Alexandre Petrov La Vache d'après Platonov, une petite curiosité à (re)découvrir, et d'un documentaire, pédagogique à l'excès, où trois journalistes statuent sur l'impossibilité d'évoquer le talent d'Ernest Hemingway dans un reportage si court. Cependant, ce document donne les grandes lignes de la vie de l'auteur et rappelle brillamment sa thématique avant de nous inviter bien sûr à relire son oeuvre. En attendant donc de se plonger dans la lecture, et puisqu'on est confortablement assis dans une salle de cinéma, autant prendre la mer avec Santiago. Le vieux pêcheur cubain, n'ayant ferré aucun poisson depuis quatre-vingt quatre jours abandonne son jeune ami Manolin, le seul qui croit encore en lui, pour partir très loin sur le Gulf Stream, en quête de la prise qui lui vaudra à nouveau l'estime de ses pairs. Loin des côtes, sa ligne se tend enfin et Santiago comprend rapidement qu'il s'agit d'un poisson hors du commun. Toute la nuit, il se laisse entraîner par l'énorme espadon dans l'espoir de l'épuiser. S'ensuit une lutte acharnée entre l'homme et l'animal à l'issue de laquelle le pêcheur parvient à regagner le rivage. Si la sagesse du documentaire nous engageait à relire l'oeuvre d'Hemingway pour comprendre son talent, le film d'animation s'en imprègne tellement qu'il rejoint le livre dont il s'inspire. C'est donc un vrai plaisir pour les yeux et l'esprit que cet esthétisme des images peintes sur verre et ces extraits du livre portés par la voix off. Cependant, tout enchanteur que soit le film, il témoigne d'un classicisme et d'un académisme pompeux qui pourra en énerver plus d'un. A trop vouloir restituer le prestige du livre et l'aura d'Ernest Hemingway, Alexandre Petrov s'est peut-être laissé entraîner par lui comme le vieux Santiago par l'espadon. Bref, on comprend très bien que les Oscars aient couronné le petit film russe. Et si l'on ne doute pas du talent d'Alexandre Petrov, on tâchera de ne pas oublier non plus les petits bijoux que nous offre Garri Bardine, l'autre génie de l'animation russe, qu'on ne verra pas de sitôt aux Oscars.
© LES FICHES DU CINEMA 2001
