Synopsis
Dès l'abord, on nous avertit : les images sont volées, prises en caméra cachée avec l'accord de ceux qui sont filmés. C'est ainsi qu'on entre en Afghanistan, à l'époque de la domination des Talibans. On nous rappelle qu'y foisonnent les interdits : chanter, danser, écouter de la musique, filmer, regarder la télévision, l'alcool, bien sûr, les jeux également... Kaboul est devenue silencieuse. Kaboul bombardée depuis vingt ans. Mais les Talibans ne se sont pas contentés d'interdire à tous. Ils se sont concentrés surtout sur les femmes, les privant de tous leurs droits, dont celui de travailler. Les (nombreuses) veuves de ces vingt ans de guerre en sont réduites à mendier pour nourrir leurs enfants ! La vie en Afghanistan, c'est aussi ce match de football qui s'interrompt pour la prière, ce même stade où, quand on ne pratique pas de sport, on pratique la mort : on coupe la main des voleurs, on exécute et on lapide. Quand on prend la route, après quelques trois heures de piste défoncée, on découvre des champs bien labourés : l'opium qui s'étend à perte de vue. L'Islam interdit la drogue, mais le trafic est destiné aux mécréants. Les turbans noirs sont devenus les nouveaux barons de l'opium.L'Afghanistan est le premier producteur au monde avec 4 000 tonnes par an soit les trois-quarts de la production de la planète. Il y a pourtant un ministre de la lutte anti-drogue ! Mais l'opium finançait le pays bien avant les Talibans. Et personne ne s'y trompe : si la culture de l'opium s'arrête, qui nourrira le peuple ? Pour arranger la situation économique, la solution actuelle passe par les programmes de développement financés par l'ONU. Ainsi un paysan subventionné a réduit sa production d'opium de 225 à 75 kilogrammes par an. La pâte brune qui est récoltée trois fois par an est vendue moins de 45 euros le kilogramme. Elle est ensuite acheminée à dos de dromadaire vers des laboratoires où elle est transformée en héroïne. Deux kilogrammes d'opium produisent deux cents grammes d'héroïne. Près de 60 tonnes d'opium sont vendues chaque année au marché de Sangin. Au Pakistan voisin, la drogue fait des ravages. A Karachi, on compte 1 million d'héroïnomanes pour 12 millions d'habitants. On se souviendra longtemps de ces morts vivants errant dans les rues avec la seringue en permanence plantée dans le bras ! Coupée et recoupée, la drogue arrive en Occident où elle est revendue plus de 150 euros le gramme. Avec cette enquête rigoureuse, François Margolin nous entraîne au coeur d'un autre monde, enfer ensoleillé qui cultive la mort. On sait que la production n'a pas commencé avec les Talibans. Qui peut croire qu'elle s'est arrêtée avec leur chute ?
© LES FICHES DU CINEMA 2001