Synopsis
L'histoire du Scratch commence dans les années 70, lorsque Grand Wizard Theodore (qui, à l'époque, devait s'appeler plus modestement Théodore), découvre un soir dans sa chambre, un peu par hasard, qu'il peut créer une rythmique en passant un disque d'avant en arrière. Après qu'il ait ruiné toute la collection de disques de Joan Baez de sa mère pour approfondir sa découverte, la technique va commencer à faire des émules. Mais l'histoire du Scratch commence vraiment en 1984, avec la mémorable intervention de Grand Mixer DXT sur le hit de Herbie Hancock
Rock It, qui donna au son du Scratch une popularité instantanée et suscita une vague de vocations. En plus de quinze ans, cette section du Hip Hop (avec le Rap, le Break Dance et le Tag) a connu de multiples évolutions et acquis son autonomie, notamment avec le développement du Turntablism et de sa haute technicité. Doug Pray reconstitue cette histoire à l'aide d'interviews des grands DJ qui l'ont le plus marquée : Afrika Bambaataa, Grand Mixer DXT, Mixmastermike, Qbert, DJ Shadow, Steve Dee, etc. Scratch est donc une étude minutieuse d'un genre musical extrêmement particulier, qu'il n'essaie pas spécialement de mettre en valeur par son côté spectaculaire, mais qu'il traite comme une discipline artistique à part entière. Il rend compte de sa richesse et de sa diversité, entre dans les détails techniques. Il ne parle que de musique. La chose est suffisamment rare pour être signalée : ici le Hip Hop est à peu près totalement déconnectée de toute approche sociologique. Pas de message sous-jacent, pas de grandes phrases sur l'intégration, Scratch est juste un documentaire musical très pointu, et même assez ennuyeux. Car tel est le paradoxe du film : ce qui en fait le charme et la respectabilité est aussi ce qui le rend, pour le non initié, parfaitement inintéressant. Car même si DJ Qbert communique avec les extra-terrestres, et même si les aventures de DJ Shadow en quête du sample qui tue dans la cave d'un vieux disquaire sont plutôt amusantes, la plupart des personnages interrogés peinent un peu à nous faire partager leur passion. Il faut dire que le Scratch nous est ici présenté sous sa forme brute, sans rappers et sans musiciens additionnels : du coup on peut admirer les performances techniques (souvent assez étonnantes), mais on est loin de la grande émotion.
© LES FICHES DU CINEMA 2001
