Synopsis
Si on s'en réfère aux notes d'intentions qui figurent dans le dossier de presse, il semblerait que Quartier Lacan ait pour but de "définir les enjeux de la psychanalyse et rendre intelligible ce sujet réputé difficile". Autrement dit, il s'adresserait plutôt aux profanes et chercherait à les convaincre de l'intérêt de la psychanalyse en général et de Lacan en particulier. C'est dire à quel point ce film est raté ! En effet, on a du mal à imaginer quelque chose qui aille davantage dans le sens des clichés selon lesquels Lacan serait un charlatan jargonneux et la psychanalyse une gigantesque entreprise de masturbation intellectuelle. On ne voit pas comment le film aurait pu mieux s'y prendre pour rendre les choses inintelligibles, et donner moins envie au spectateur d'y comprendre quelque chose.Quartier Lacan se divise en deux parties : l'une consacrée à l'homme et l'autre à son oeuvre. Mais, en lieu et place d'une mini-biographie, le premier chapitre choisi en réalité le plus souvent de s'appesantir sur des points très précis (durée des séances d'analyse, épisode de la création de la "passe"), et essaie laborieusement de rétablir quelques vérités historiques, sans jamais prendre soin de poser un contexte. Le deuxième volet nous plonge au coeur des concepts développés par Lacan. Ardus par eux-mêmes, ils nous sont présentés sous une forme qui ne l'est pas moins. Mais soit, pourquoi pas ? On peut se dire qu'on aura beaucoup à gagner en s'accrochant un peu. Mais encore faudrait-il que nous soyons en mesure de le faire. En effet, au moment où arrive cet exposé, notre concentration a déjà été totalement dissoute dans un premier chapitre abrutissant d'ennui, qui nous a laissé dans un état de somnolence à peine relevé d'un frisson d'agacement. Construit comme un patchwork de témoignages de (plus ou moins) proches de Lacan, ce film ne trouve en définitive sa justification qu'en tant que document (sans doute utile pour les centres de documentation des fac de philosophie), mais ne parvient jamais à exister en tant que documentaire. C'est-à-dire qu'il ne s'inscrit ni dans une démarche créative ni dans une volonté de partage, et reste replié sur lui-même, son élitisme et sa confusion intellectuelle.
© LES FICHES DU CINEMA 2001
Réalisateur