Synopsis
Durant toute l'année scolaire 1999-2000, Julie Gavras a suivi une classe de CM1 de la banlieue de Lyon, dont la particularité principale est de pratiquer de nombreuses activités liées au cinéma. Et si celle-ci constitue un cas à part et particulièrement intéressant, c'est qu'il ne s'agit pas là d'un banal "atelier audiovisuel" développé en marge du tronc commun, mais d'une utilisation récurrente (et diversifiée dans ses approches) du cinéma, totalement intégrée à l'enseignement général. À travers projections de films (Le Corsaire rouge, Le Magicien d'Oz, Le Voleur de bicyclette), études, débats, rencontre avec des réalisateurs, exercices d'écritures, pratiques de la caméra, travail en groupe, etc., les enseignants s'efforcent d'éveiller la curiosité, la créativité et l'esprit d'analyse de leurs élèves. Le film témoigne donc de tout un courant de l'enseignement moderne ayant fait le choix d'ouvrir les esprits plutôt que de les remplir. Il le fait à travers un exemple qui semble être une totale réussite : ici, les enfants réagissent, jouent le jeu, se responsabilisent et manifestent beaucoup d'intelligence. S'il est vu, on peut donc espérer que Le Corsaire, le magicien, le voleur et les enfants fera des émules. Par ailleurs, pour le spectateur cinéphile, assister à ces cours est aussi l'occasion de prendre un peu de recul, de se "dé-blaser" et de remettre les pendules à l'heure en se confrontant au regard naïf et percutant de celui qui découvre le cinéma pour la première fois. Néanmoins, il devra aussi subir quelques scènes d'enseignement classique (sans lesquelles la vision des choses eut été faussée) qui pourront lui paraître un peu fastidieuses, voire lui rappeler des souvenirs pénibles. Pour cerner son sujet, Julie Gavras a opté pour une vision "de l'intérieur", sans employer la technique (souvent pesante) de l'interview et sans ajouter le moindre commentaire. Son film ne surenchérit pas sur les faits, n'essaie pas de se légitimer par le discours ou la méthode : il se fond dans la classe et montre les choses avec légèreté tout à fait charmante. Comme souvent pour les documentaires, la question se posera tout de même de la légitimité d'une sortie en salle. Et dans le cas de ce petit film fragile, sans grandes revendications et sans hautes ambitions formelles, il est clair qu'on aura l'impression d'une oeuvre détournée (sans doute à son propre détriment) de son milieu naturel : celui de la télévision intelligente.
© LES FICHES DU CINEMA 2002
