Synopsis
En 1989, accablé par le décès de son grand-père dont il a filmé les derniers jours sans tabou, le documentariste F. Cole ressent l'impérieux besoin de braver la mort. Pour la vaincre, il choisit de l'affronter au quotidien dans une expédition dangereuse dans le Sahara : il traversera le désert à dos de chameau, de l'Océan Atlantique à la Mer Rouge, de la Mauritanie au Soudan. Frank ne laisse aucun détail au hasard : il se prépare physiquement, apprend les langues, étudie les principes d'hygiène et de survie... Tout au long de sa traversée inhumaine, la peur ne le quittera pas : peur de s'égarer et mourir de soif (il se perdra effectivement de nombreuses fois, mais réussira toujours in extremis à retrouver une oasis), peur de se faire agresser par des bandits (il se fera voler son chameau pendant son sommeil), peur de ne pas tenir physiquement (l'épreuve est de taille, il épuisera sept chameaux !), peur des autorités qui le stopperont à plusieurs reprises... Sa solitude devenant son alliée, Cole s'endurcit psychologiquement, y compris en repensant à son grand-père, tandis que son corps s'affaiblit. Il viendra à bout de sa démarche extravagante et réussira son pari insensé, en rejetant toute facilité (ne se faisant accompagner de guides qu'à de très rares occasions). L'expérience est évidemment inattendue, et Cole la retranscrit à l'écran de façon très personnelle. Il nous livre ses impressions, ses pensées les plus secrètes sans pudeur ni calcul. Son carnet de voyage en devient autant complaisant et narcissique que grisant et impressionnant. Son récit en voix-off ne nous épargne aucune de ses craintes, aucun de ses états d'âme, et sa voix délicate et presque précieuse offre un contraste saisissant avec la rudesse de l'environnement. Cole cadre au plus près les cadavres d'animaux croisés au hasard des pistes ou l'évolution de ses blessures physiques, et utilise le retardateur de sa petite caméra pour filmer ses rapports avec ses chameaux, ses guides et l'immensité désertique environnante. Ses images sont chargées d'émotion, d'intensité. Elles sont belles aussi. De ce récit lent, répétitif et étonnamment intime, ressort une atmosphère parfois très envoûtante. L'expérience cinématographique est incontestablement impressionnante. L'aventure humaine plus discutable : son attitude désespérément suicidaire et son inépuisable acharnement ne sont pas toujours très compréhensibles... Dix ans plus tard, Cole était abattu par des bandits en plein désert.
© LES FICHES DU CINEMA 2002
Réalisateur