Synopsis
Dans un train pour Paris, Greg avoue à la réalisatrice : "J'aime ta fille". La fille en question s'appelle Marion, elle a 15 ans et habite la capitale. Pourtant, tous les étés, pour les vacances, elle descend à Claviers, un petit village du Haut-Var, y retrouver son "amoureux", fils du boulanger local, qui passe les nuits d'été avec son père au fournil et une partie de ses journées derrière la caisse de la boutique. Le reste du temps, il est avec Marion. Le gaillard a 17 ans et prépare un CAP ainsi que le permis de chasse. La réalisatrice a cette particularité d'être la mère de Marion. Difficile d'être derrière la caméra quand il s'agit de saisir des moments d'amour entre deux jeunes et que l'un des deux est la chair de sa chair ! C'est là toute la force du film et sans doute aussi sa limite. Car au fond, quoi de neuf dans l'amour ? Rien, décidément ! On s'aime toujours de la même façon quand on a 15 ans, avec enthousiasme, en s'offrant totalement, dans l'espoir et la souffrance... avec des éclairs de lucidité, de maturité heureusement vite contredits par les élans du coeur. C'est beau, un couple amoureux. Ce n'est jamais lassant, même si souvent ils n'ont rien à se dire... rien de bien neuf, rien de capital... mais ces petits riens sur lesquels ils bâtissent leur amour, n'est-ce pas là tout ce qui peut être passionnant et neuf : car, pour une fois, une caméra a pu le saisir, le voler... non pas le voler, car la mère-réalisatrice a su se les faire offrir ! Privilège de la mère qui a sa place dans l'intimité de la famille. Elle a su instaurer un dialogue avec sa fille, quand elles sont toutes les deux. Elle passe aussi une nuit au fournil avec Greg et son père, elle filme les jeux de mobylette des adolescents du village et part à la chasse avec le jeune homme. Alors oui, pour appréhender tout cela, nul n'avait besoin d'un documentaire (particulièrement pour être énervé par les pétarades sur la place du village !). Mais un documentaire doit-il avoir une durée calibrée, doit-il ne traiter que de choses rares ? Et quand bien même, l'amour saisit avec cette pudeur et cette proximité, auprès d'adolescents, à cet âge de la vie où l'on en montre le moins, l'amour offert avec cette générosité, reçu avec cette grâce, n'est-ce pas là de l'exceptionnel, du rare, du précieux ? Et si l'on n'aime pas voir cet amour-là, il reste les comédies sentimentales hollywoodiennes !
© LES FICHES DU CINEMA 2002
