Synopsis
Profitant d'une accalmie de trois ans entre les accords d'Oslo et la seconde Intifada de 2000, B.Z. Goldberg, grand reporter américain élevé à Jérusalem, parcourt sa ville natale ainsi que les communautés et les villages palestiniens de Cisjordanie à la rencontre des enfants qui grandissent dans l'Israël d'aujourd'hui. Accompagné des réalisateurs Justine Shapiro et Carlos Bolado, Goldberg sympathise avec sept d'entre eux. Âgés de neuf à treize ans, juifs ou palestiniens, laïcs ou religieux, extrémistes ou modérés, ils vont se livrer devant la caméra de celui qu'ils ne tarderont pas à appeler affectueusement "B.Z." et qui parvient ainsi à retranscrire avec tact et délicatesse leur quotidien. La vérité qui sort de la bouche de ces enfants-là est le reflet d'une leçon figée, lourde de préjugés religieux et sociaux, qu'ils ont apprise malgré eux et qui cristallise soudain cruellement la complexité du conflit. Citations du Coran à l'appui, Mahmoud, palestinien blond aux yeux bleus, nous démontre ce que Moishe, fils de colons extrémistes, contredit en citant la Thora, et qui se résume finalement à la même formule : "Cette terre est la nôtre et l'Autre doit en être éliminé". Mais ce qui fait l'originalité et la force de Promesses, c'est que, partant de ce constat paralysant, le documentaire va peu à peu s'affranchir du poids des adultes pour se mettre à la portée des enfants et tenter de les ouvrir à cet Autre dont ils ignorent tout. Et l'improbable a finalement lieu : la rencontre de Sanabel et Faraj, fille et fils de réfugiés palestiniens, avec Yarko et Daniel, jumeaux israéliens laïcs. Dans le camp de Deheishe où vivent les deux premiers, va se lier alors une amitié intense entre Palestiniens et Israéliens. Une petite lueur d'espoir pour l'avenir qui sera un jour entre les mains de ces enfants... Malheureusement, cette rencontre inespérée, qui distingue Promesses de tout autre reportage, marque aussi violemment la limite du documentaire : cette amitié n'est possible que le temps du film et elle ne pourra, en dehors de celui-ci, transgresser les règles, concrètes et adultes, de cette guerre. Certes, sa valeur symbolique est remarquable mais on ne peut oublier les larmes de B.Z. devant son incapacité à perpétuer ce petit miracle qu'il a créé. Le rapide épilogue, filmé deux ans plus tard, en 2000, confirme dramatiquement cette impuissance : le contact a été rompu.
© LES FICHES DU CINEMA 2002
