Synopsis
On a souvent coutume de rendre un hommage posthume aux stars disparues, usant d'un nostalgique "ce sont toujours les meilleurs qui s'en vont". Ici, c'est exactement l'inverse. Only the strong survive célèbre les survivants de la Soul Music, sur le mode d'un conquérant : "seuls les meilleurs survivent", entonné avec force conviction par Jerry Butler et les Chi-Lites ! Si la soul fait encore vibrer aujourd'hui les ondes radio du monde entier et inspire bon nombre de morceaux de hip-hop, qu'est-il advenu de ses principaux interprètes ? Démodés, usés, trop vieux les Wilson Pickett, Rufus Thomas, Sam Moore, Mary Wilson, Carla Thomas, Isaac Hayes et autre Jerry Butler ? Le film s'empresse de nous prouver le contraire, sous la direction inventive et discrète de D.A. Pennebaker et Chris Hegedus.Inventeur du vidéo-clip, passé maître dans l'art du cinéma-vérité, Pennebaker est certainement le réalisateur le plus habile dans l'art de marier musique et images. Ses documentaires musicaux sur Bob Dylan (Don't look back), le festival de Monterey (Monterey Pop) ou le dernier concert de David Bowie alias Ziggy Stardust (Ziggy Stardust and the Spiders from Mars) sont autant de grands moments de musique que de cinéma, saisissant en quelques images judicieuses toute l'essence d'une époque. Cette fois, Pennebaker, aidé de sa collaboratrice de longue date Chris Hegedus, a mis son talent au service de ces "soul survivors". Tout le mérite du film est de se concentrer sur les époustouflantes performances scéniques de ces chanteurs. Rassemblés notamment à l'occasion d'un hommage à Luther Ingram, certains de ces "Soul Men" retrouvent avec émotion une scène et un public qu'ils croyaient avoir perdus. Car les lois du succès sont impitoyables, et certains musiciens s'en sont moins bien sortis que d'autres. Ainsi, le fragile Sam Moore, surnommé "le béni" par ses pairs, se remémore ses années sombres. Ainsi, Carla Thomas ne s'était plus produite sur scène depuis longtemps. Ainsi, Mary Wilson évoque la fulgurante carrière solo de Diana Ross, son ancienne acolyte des "Supremes". Discrètement présentes dans les coulisses, les stations de radio, les studios, les salles de concert ou les bars, les caméras ont su saisir l'essence miraculeuse de cette résurrection musicale et restituer l'énergie inépuisable et l'humour dont sont toujours capables ces légendes vivantes... survivantes.
© LES FICHES DU CINEMA 2004
