Synopsis
Le projet commençait mal. C'est alors qu'il apprenait que son documentaire sur Jimi Hendrix ne pourrait se faire pour des raisons de droits, que Marc Huraux a décidé de réaliser un portrait d'Ali Farka Touré, guitariste et chanteur malien qui influença le "guitar-hero" américain. Après quelques interviews parisiennes, Huraux avait obtenu d'Ali une invitation dans son pays. Il partit donc tourner à Niafunke, accompagné d'une équipe restreinte. À cette époque (1999), Ali Farka Touré (pourtant très respecté dans son pays et aussi dans les autres, notamment grâce à Ry Cooder) vient de décider d'arrêter la musique pour se consacrer à la culture de la terre avec ses compatriotes. Ali ne considère plus la musique que comme une parenthèse dans sa vie, lui ayant permis de prôner dans ses textes tout ce qui lui tenait le plus à coeur : le travail, la terre et les esprits. Il commença très jeune en se construisant une petite guitare monocorde. Finalement, Ali se vit offrir, durant ses voyages (il parle de nombreuses langues), ses premières guitares acoustiques, puis électriques. Un self-made-man atypique donc, et qui, en dépit de la renommée qu'il a acquise, a su rester d'une touchante modestie. Et par ailleurs, un homme dont les neuf frères sont morts ne peut être tout à fait ordinaire. Et en effet : il est bien loin de l'être ! Ali Farka Touré ne s'est jamais laissé dévorer par le système européen ou américain et, chose rassurante, garde à l'esprit ses origines, éparses au plus au point. Malheureusement, le parcours et la personnalité du guitariste ont beau impressionner, la réalisation minimaliste de ce film a du mal à être au diapason, et se limite trop souvent à une série d'interviews conventionnelles. Le film évoque l'éducation (on se rappellera des élèves claquant des doigts pour attirer l'attention du professeur), et de celle d'Ali en particulier, élevé par divers proches et qui passa par un asile. La sorcellerie ou la religion sont aussi abordées. Mais le récit reste le plus souvent lisse, frustrant et un peu long... Côté musique, le même morceau est passé en boucle (le même que celui qu'on peut entendre dans L'Auberge Espagnole). On peut penser que le temps de tournage a été trop court pour permettre à Huraux de cerner complètement un homme aussi complexe et subtil. Toujours est-il qu'à l'arrivée, ce documentaire donne l'impression flagrante de ne pas être à la hauteur du personnage.
© LES FICHES DU CINEMA 2002
