Synopsis
Polissons et galipettes est un petit bijou grivois qui prouve, s'il en était besoin, que notre époque libérée n'a rien inventé en matière d'érotisme, et que nos ancêtres étaient déjà de sacrés petits coquins ! Histoires d'étudiantes libertines et de "châtiment" corporel, comparaisons et jeux de mots culinaires, jardinier ou bonne surprenant leurs patrons puis prenant part à leurs ébats, religieuses travaillées par l'idée de péché, problèmes d'impuissance et recette miracle... Ces petits films anonymes, tournés en douce, avaient de quoi émoustiller la libido de la clientèle des bordels sophistiqués où ils étaient projetés. Quelques 80 ans plus tard, lors d'une mémorable séance de minuit à la Quinzaine des réalisateurs du dernier Festival de Cannes, le concepteur du programme avait annoncé des films plus émouvants qu'émoustillants, car montrant sans faux-semblants comment nos grands-parents faisaient l'amour. Et effectivement, ces images censurées d'une époque dont nous avons une représentation stéréotypée et peu guindée, constituent un spectacle étonnant, souvent drôle, et parfois même, c'est vrai, touchant. Par ailleurs, cette joyeuse compilation rappelle que, dès les premiers jours de l'âge classique, un cinéma marginal avait poussé à l'extrême l'idée de voyeurisme que permettait la caméra. Cinéma auquel Polissons et galipettes rend ici hommage, le plaçant au rang de patrimoine. Ce qui frappe et surtout amuse, outre les "canons" de l'époque et le temps nécessaire à dégrafer un corsage, c'est la naïveté qui se dégage de ces saynètes pour le moins explicites. Avec cette distance exaltée propre aux films muets, les demoiselles se plient joyeusement au jeu de l'amour filmé, s'adressant aux personnes hors champ et abusant du regard caméra, les hommes, eux, réajustent leur postiche pour ne pas être reconnus. À l'époque, le cinéma érotique était un art amateur et spontané. Il est intéressant de remarquer, toutefois, que le cadre et la lumière de certaines séquences portent la marque de cinéastes illustres. Et il est aussi important de noter la banalité de certaines pratiques sexuelles aujourd'hui marginalisées, comme l'homosexualité ou la zoophilie. Enfin, loin de la médiatisation actuelle, le cinéma érotique de l'époque avait déjà ses stars, comme l'enivrante Soeur Quiquette !
© LES FICHES DU CINEMA 2002
