Synopsis
À la question "Qu'est-ce qu'un arbre ?", le documentaire de Sophie Bruneau et Marc-Antoine Roudil apporte une réponse aussi pragmatique que drôle : "Si vous rentrez en voiture dans une plante et que la voiture est cassée, alors c'est un arbre" ! Le film cependant ne se contente pas de ce joli mot mais s'efforce de donner sa propre définition de cet être vivant hors du commun. Des baobabs de Madagascar aux platanes de l'Hérault, des séquoias d'Amérique aux pins d'Antibes, Arbres réunit le casting le plus international et le plus inhabituel qui soit. Car les arbres filmés ici sont bel et bien des acteurs. Le palétuvier, perché sur ses racines aériennes, a la bougeotte et se déplace tous les ans de quelques mètres. Le figuier, lui, peut être un dangereux psychopathe : il étrangle lentement les arbres sur lesquels germe sa graine. Les acacias, eux, s'avertissent mutuellement d'un danger (une girafe trop gourmande, par exemple) en émettant un gaz toxique. Quant aux Pinus Pinea, il font preuve d'une telle timidité qu'ils refusent de se toucher, ne serait-ce que de la pointe de leurs feuilles. Les cimes adjacentes dessinent ainsi dans le ciel une mosaïque délicate et gracieuse. Au fil du documentaire, on croisera aussi un arbre fou qui danse et se contorsionne, un autre qui, à lui seul, ressemble à une forêt ou encore le très bien nommé Mathusalem, arbre immortel qui regarde passer le temps depuis plus de cinquante siècles. S'inspirant des écrits de Francis Hallé, Sophie Bruneau a écrit un commentaire poétique, léger et scientifique que porte la belle voix de Michel Bouquet. Ménageant au sein de ce texte de longues plages musicales ou silencieuses, les réalisateurs ont su trouver le rythme qui correspond à la personnalité de chaque arbre. Longs plans fixes pour les uns ou lents travellings précis pour les autres, le tout mâtiné d'une fantaisie de contes pour enfants (les séquoias sous la neige, les enfants qui jouent dans les lianes) ou d'un message écologique (la brutale déforestation finale). Avec pudeur, humour, respect et sagesse, Sophie Bruneau et Marc-Antoine Roudil réussissent ainsi l'étonnant paradoxe de faire un film sur l'arbre, qui est immobile et tout en hauteur, alors que le cinéma est l'art du mouvement et des cadres tout en largeur. Arbres est donc une superbe invitation à se laisser entraîner dans ce temps si doux qui est celui de la nature. À nous de répondre à cet appel...
© LES FICHES DU CINEMA 2002