Synopsis
Cremaster 3 s'ouvre et s'achève sur une légende celte qui voit s'opposer elfes et géants sur une île rocailleuse. Ce combat est à l'origine de la formation des îles de la mer d'Irlande. Au sein de cette boucle mythologique, le film déroule des scènes dont les liens sont moins logiques que symboliques et dont le propos est de représenter l'ambition et le pouvoir. Ainsi, à l'intérieur du Chrysler Building, on suit étage par étage l'initiation de l'Apprenti (joué par Matthew Barney) aux rites franc-maçonniques, pendant que cinq voitures de la marque Chrysler s'acharnent à en écraser une sixième d'un modèle plus ancien. Le troisième volet du cycle Cremaster (en fait le dernier chronologiquement) fonctionne en miroir par rapport aux autres films de la série. On y retrouve ainsi des allusions aux cinq Cremaster. La longue séquence centrale dans le hall en spiral du Musée Guggenheim, reprend notamment de façon allégorique et dans l'ordre le condensé symbolique de chaque épisode. Il paraît donc difficile de juger Cremaster 3 en tant que tel. De même qu'il est ardu de séparer les films les uns des autres, il est aussi délicat d'isoler un film du reste de l'oeuvre de Matthew Barney. À la fois plasticien, graphiste, athlète, sculpteur, musicien, danseur et cinéaste, l'artiste cherche à atteindre le concept "d'art total". Cette pluridisciplinarité ne joue malheureusement pas en faveur du cinéma. Le septième art semble, ici, n'être employé que pour servir tous les autres. Ces trois longues heures de film offrent donc un spectacle que l'on qualifiera au mieux d'hermétique, au pire d'indigeste.
© LES FICHES DU CINEMA 2002
Réalisateur