Synopsis
Cremaster 2 évoque, sous une forme parfois explicite, souvent très allusive, l'histoire de Gary Gilmore, assassin dont la condamnation à mort avait suscité la polémique, et fait l'objet d'un célèbre livre de Norman Mailer : "Le Chant du bourreau". Mailer apparaît d'ailleurs dans le film, où il incarne le magicien Houdini (grand-père supposé de Gilmore), au cours de quelques séquences oniriques ponctuant une évocation de la vie de Gilmore en trois tableaux principaux : sa conception, représentée par une espèce de séance de spiritisme, le meurtre, puis l'exécution (symbolisée par un rodéo dans une arène de sel). Si, Cremaster 2 est sans doute un des épisodes les plus forts de tout le cycle, c'est qu'ici, toute la quincaillerie symbolique propre au style de Matthew Barney (abeilles, rites mormons, etc.) laisse filtrer quelques éléments auxquels le spectateur peut s'accrocher pour entrer véritablement dans l'univers du film. Moins stagnant que les autres, cet épisode est moins une peinture abstraite qu'une plongée introspective, pas si éloignée que ça du monde de David Lynch, où un grotesque léger (scène de danse entre un couple de cow-boy & girl) se mêle à la violence (hard-rock et bourdonnements d'abeilles). Il en résulte un étrange collage d'atmosphères, avec des ruptures de rythme, des idées visuelles parfois saisissantes et un climat globalement assez envoûtant. Pour ce qui est de sa place dans le cycle, Cremaster 2 se rattache à l'ensemble par de nouvelles mises en scènes fantasmatiques de la conception, ou encore cette scène dans laquelle Gilmore, peu avant son crime, se tient reclus dans l'habitacle d'une voiture, dégoulinant de vaseline, matière affectionnée par Barney pour son aspect informe, et infiniment transformable.
© LES FICHES DU CINEMA 2002
