Synopsis
Depuis les années 70, Denis Gheerbrant a partagé son temps entre la photographie et le cinéma. Collaborateur de Jean-Pierre Denis, chef-opérateur de René Allio ou Jean-Pierre Limosin, il a pour sa part signé de nombreux documentaires comme le récent Grands comme le monde. À l'occasion du lancement du "Mois du Film Documentaire" sortent simultanément sur les écrans, un inédit de 1991 (Et la Vie) et son dernier film, Le Voyage à la mer. Ce dernier est un portrait assez complet du public des campings du sud, dans lequel on trouve représentés tous les âges et toutes les origines, chacun y construisant son petit paradis. Les uns apprécient le rythme du repos, les autres cherchent les filles, les amis de vacances, ou sont là pour la première fois, avec leurs enfants, par exemple. Au milieu de tout cela, le réalisateur favorise les contacts grâce à sa caméra, préférant les conversations aux interviews. Tour à tour, hommes et femmes confieront leurs blessures (dépression, travail, mort...), sans mise en scène aucune de la part du réalisateur, et livreront, comme s'ils le devaient, leur philosophie de la vie. L'humain trouve toujours une chance dans son malheur, ce qui l'empêche de céder à un dangereux pessimisme. Vu de loin, ces vacanciers sont tous "égaux", comme le remarque Eddy. Et si l'on veut laisser pendouiller les bides et les bananes, s'épiler les sourcils ou se teindre en blonde, tous pareils, pourquoi se priver de cette liberté ? Gheerbrant, lui-même amateur des campings, ne change pas la vision que l'on peut en avoir, il ajoute simplement : "ce type-là que je regardais il y a une semaine comme un "gros beauf", et bien j'ai un vrai plaisir à parler avec lui". Toutefois, la démarche apparemment nonchalante et naïve du réalisateur peut agacer tant elle retient les larmes et semble gratuitement impudique envers ces destins bouleversants. L'émission "Strip Tease" (à laquelle on ne peut s'empêcher de penser) avait, elle au moins, le tact de s'appeler ainsi, et donc d'annoncer la couleur... Un dernier thème plutôt révélateur, le refus systématique des jeunes concernant un monde rongé par la routine : hors de question pour certains de rentrer dans le rang. Au spectateur de dire si le film lui donne espoir... |#
© LES FICHES DU CINEMA 2002
