Synopsis
Décidément, l'année est au documentaire, et en voici encore un qui est à la fois drôle, émouvant, chaleureux. De la chaleur, il en faut, au Finmark, cette région située au nord de la Norvège, au-delà du cercle polaire, frontalière de la Russie, la Finlande et la Suède. En dépit de son titre anglais utilisé pour son exploitation française, ce film est donc norvégien, et rencontre un énorme succès dans son pays d'origine. Le héros de Cool and Crazy est le choeur d'hommes de Berlevåg. Un sujet inattendu, mais qui s'avère d'une étonnante richesse humaine et émotionnelle. Pour le réalisateur Knut Erik Jensen, il s'agit là d'une étape toute nouvelle de son oeuvre, jusqu'à présent plutôt tournée vers le cinéma expérimental. "Je voulais prouver à ces producteurs contre lesquels je me bats depuis trente ans, raconte-t-il, qu'il n'est pas difficile de faire des films normaux. Je leur ai dit : OK, je vais vous faire un film sur ce choeur et je peux vous assurer qu'il y aura des gens pour le voir !" Pour nous, dépaysés par ces images de l'extrême nord, il n'est pas sûr qu'il s'agisse là d'un film "normal", mais c'est tant mieux. La première image nous montre une population de pêcheurs, de marins, dont les femmes travaillent dans les conserveries, de moins en moins nombreuses. Nous faisons connaissance avec ces hommes confrontés à la rudesse du climat, aux mers démontées, et que réunit l'amour du chant. La moyenne d'âge des choristes est assez élevée : Deux frères ont même dépassé les quatre-vingts ans : l'un, aujourd'hui paralysé et devenu le chef du choeur, a été un homme à femmes. On rencontre aussi un ancien drogué, et un communiste qui a les larmes aux yeux quand il entonne des chants religieux au temple. Tous ces hommes, quels que soient leur âge ou leur origine, ont, de façon remarquable, l'air en paix avec eux-mêmes et avec leur environnement. Un grand moment dans leur vie : le départ pour Mourmansk. Ce n'est qu'à deux cents kilomètres, et des liens étroits, renforcés au cours de la Seconde Guerre mondiale, unissent les deux villes. Leur surprise déçue devant ce qu'est devenue l'URSS, surtout celle du communiste, émeut, ainsi que leur trac avant le concert. Comme ils ont eu l'habileté de commencer par une chanson russe, le public leur fait une "standing ovation". La dernière image qui les montre chantant sous la neige, tandis que se forment des glaçons dans leurs barbes, restera dans nos mémoires.
© LES FICHES DU CINEMA 2002
Réalisateur