Synopsis
Il a fallu attendre le cinquantenaire de l’assassinat de Martin Luther King Jr. pour voir distribuer dans les salles françaises ce documentaire qui avait été projeté dans cinq cents salles américaines le 20 mars 1970. Il ne s’agit pas d’un essai réflexif sur le célèbre pasteur baptiste - qui a fait reconnaitre les droits civiques des minorités dans l’Amérique des années 1960 grâce à la puissance de sa résistance non-violente - même si le spectateur peut élaborer sa propre analyse au cours des trois heures de projection. Car aucun commentaire ne vient expliciter les images d’actualités. C’est donc un documentaire d’archives brutes, sans respiration ni recul intellectuel, sinon lors des quelques apparitions de stars engagées récitant des textes, apparitions décalées de par leur neutralité - la plupart du temps filmées sur fond noir. Le travail créatif du documentariste est ainsi tout à fait minimaliste. Cependant, l’importance des documents visuels et sonores est de tout premier plan et fait comprendre l’histoire des luttes sociales du XXe siècle et l’évolution des conditions de vie des communautés qui étaient alors discriminées par la ségrégation raciale dans les restaurants et les transports - et ceci jusqu’aux fontaines d’eau potable ! Si le spectateur a apprécié les reconstitutions comme Selma (où King est incarné par David Oyelowo - cf. Annuel 2016) et BlacKkKlansman [v.p. 96] (qui montre le racisme perdurant peu après la mort de King), il sera passionné par les images véridiques à l’origine de ces films. Les documents, choisis pour leur pertinence plus que pour leur qualité technique, couvrent les années 1955-1968 et donnent à entendre des discours entiers du pasteur. Les faits marquants qui sont développés commencent par le fameux boycott des bus de Montgomery (Alabama), suivi du Voyage pour la liberté de 1961, des manifestations de 1963 à Birmingham pour l’égalité des chances et la dignité humaine et de la Marche sur Washington. On entend l’intégralité du discours du 28 août devant le Lincoln Memorial et 250 000 personnes, avec l’anaphore célèbre de "I have a dream...". Après la remise du Nobel à Oslo en 1964, il participe aux marches de Selma de 1965 qui pressent le président Johnson à signer le Voting Rights Act en sa présence. Sa résistance passive, sans recours aux cocktails molotov, a gagné face à la violence policière. Mais quand King se bat contre la pauvreté à Chicago en 1966 ou à Atlanta en 1968, il est sous protection militaire, ce qui change la donne. Les Blancs du White Power relancent alors les attaques racistes. King pressent les risques d’un assassinat... qui a lieu le 4 avril 1968 à Memphis. Dès le début, la voix de M.L. King revendiquait un héritage non violent en référence à Jésus et à Gandhi. Il ne se place pas seulement en "Nègre" (comme on disait à l’époque) mais en être humain. On entend à plusieurs reprises ses prescriptions religieuses d’amour universel, y compris à l’adresse de ses ennemis, les Blancs racistes. Le film se termine par ses obsèques à Atlanta en présence de nombreuses personnalités, de Marlon Brando à Nixon, en passant par Bob Kennedy.
© LES FICHES DU CINEMA 2018