Synopsis
L'ère des documentaires continue avec Iran, sous le voile des apparences, le plus récent opus de Thierry Michel qui constitue sa première incursion en Orient islamique. Après avoir commencé sa carrière de documentariste dans son propre pays, la Belgique, il est parti vers d'autres horizons, l'Afrique en particulier. Il tournera ainsi, parfois avec les plus grandes difficultés matérielles et politiques, plusieurs films sur le Zaïre. Notamment, en 1999, Mobutu, roi du Zaïre, étonnant portrait qui donnait au dictateur une surprenante dimension tragi-comique et théâtrale. À l'inévitable question, "Pourquoi l'Iran ?", Thierry Michel répond qu'avant même le 11 septembre 2001, il pressentait l'urgence de se confronter à la thématique politico-religieuse de l'Islam. Il s'agissait pour lui de s'immerger dans le monde musulman, d'interroger cette culture religieuse en son centre, dans un pays emblématique du radicalisme et de l'intégrisme. Avant même de parler du film, absolument passionnant et surprenant, il faut saluer la persévérance de T. Michel qui a dû faire quatre voyages et trois tournages sur une période de quinze mois, et affronter sans cesse les tracasseries du "Ministère de la Guidance islamique". Les images que montre le réalisateur sont étonnantes et d'une extrême diversité, à l'image de l'Iran lui-même. Les personnes, les lieux, tout surprend. L'enterrement d'un écrivain assassiné par les milices islamistes, au début du film, qui fait sentir d'emblée l'importance de la notion de martyre, chez les laïques comme chez les religieux. Les démocrates, les laïques qui n'ont pas hésité à se faire filmer et qui ont tous déjà effectués des séjours en prison. Mais aussi la sincérité des islamistes (qui ne peut en aucun cas être simplement assimilée à du fanatisme). L'importance des deuils religieux (les images des funérailles de l'Ayatollah Khomeiny sont impressionnantes). Ou, a contrario, les jeunes qui par milliers, tous les vendredis se réfugient dans les contreforts de l'Elbourz pour pouvoir se sentir libres, écouter leur musique, former des couples, se toucher, s'enlacer, échapper enfin au rigorisme islamique. Et puis surtout, ce sont les femmes qui impressionnent. Elles qui, après avoir contribué à la révolution islamique, en ont subi les rigueurs. Mais elles, aussi, qui commencent à utiliser tous les espaces de liberté concédés par le pouvoir. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si T. Michel termine son film sur des images de femmes faisant du parachutisme ascensionnel.
© LES FICHES DU CINEMA 2003
