Derrida (2002) Kirby Dick, Amy Ziering Kofman

Derrida

Pays de productionEtats-Unis
Sortie en France10 décembre 2003
Procédé image35 mm - Couleur
Durée85 mn
DistributeurEurozoom (source : ADRC)
>> Rechercher "Derrida" dans le catalogue Ciné-Ressources
imprimer

Générique technique

RéalisateurKirby Dick
RéalisateurAmy Ziering Kofman
Producteur déléguéAmy Ziering Kofman
Producteur déléguéGil Kofman
Distributeur d'origine Eurozoom
Directeur de la photographieKirsten Johnson
Compositeur de la musique originaleRyuichi Sakamoto
MonteurKirby Dick
MonteurMatt Clarke

générique artistique

Bibliographie

Synopsis

Pour saisir l'inventeur de la déconstruction, les réalisateurs, K. Dick et A.Z. Kofman - ancienne élève de Derrida - disent avoir voulu rester au plus près de sa pensée, autrement dit, y couler la forme et le rythme de leur film. Derrida se veut donc lui-même un essai de déconstruction du penseur. Son but n'est pas de nous fournir la synthèse condensée de son oeuvre, mais plutôt de nous promener directement dans ce qui fait et construit la quotidienneté d'un philosophe reconnu, nous faire voir et entendre les petites failles et contradictions entourant le mythe, au risque parfois de s'y perdre. Ainsi, nous suivons Derrida, parcourant le monde, de conférences en conférences, mais la plupart du temps filmé dans des moments a priori sans intérêts, récoltés dans les marges de ce que nous offre souvent l'académisme de certains documentaires. Cette mise à nu s'approfondit quand la caméra s'infiltre dans la caverne intime du philosophe, pour nous faire explorer ce que Derrida lui-même nomme la "vie sexuelle du philosophe", c'est-à-dire un univers le plus souvent absent des livres : celui de l'amour des aubergines ou des stylos toujours bien rangés. Dans cette intimité, au détour d'un couloir, entre deux silences, nous surprenons un Derrida aiguillé ou agacé par les questions de son ancienne élève, en train de philosopher sur son statut d'observé. En fait, on comprend vite que tout le film est prétexte à une réflexion sur la mise en scène et en image du philosophe, son "être en documentaire". Et c'est à travers une mise en scène inventive de cette réflexion que Derrida va rentrer en action et en contradiction, en s'efforçant de démasquer les biais inhérents au fait d'être filmé. En réussissant ainsi à être le théâtre d'une déconstruction, le film, comme portrait non linéaire, en esquisse, répond à ses ambitions théoriques sans jamais ennuyer. Loin d'être ignorée, l'oeuvre littéraire accompagne tout le film, scandé d'une voix-off qui lit des passages faisant judicieusement écho aux aléas de la pellicule, et qui sont autant d'invitations à affronter l'écrit derridien. Quant au montage, alerte et inventif - couplé à une musique aux résonances électroniques puissantes, justes et envoûtantes, signée par le toujours surprenant R. Sakamoto (Furyo, Le Dernier empereur) - il permet au film d'échapper avec brio aux formes canoniques du documentaire, sans pour autant tomber dans l'esthétique du clip prolongé. En définitive, sans révolutionner tous les codes, le film Derrida possède, contrairement à nombre de documentaires, une énergie qui justifie par elle-même sa diffusion sur grand écran.
© LES FICHES DU CINEMA 2003
Logo

Exploitation