Synopsis
Coproduction helvéto-belge, ce film se présente comme une enquête mise en scène. En effet, c'est à la demande du réalisateur Peter Entell que le journaliste de la Télévision Suisse Romande, Luc Mariot, se sentant concerné (car élevé au biberon télévisuel), a accepté de jouer le comédien enquêteur dans Le Tube. Il s'agit du tube cathodique bien sûr, de ses effets, de ses possibles bienfaits et surtout de ses éventuels méfaits. En observant Zoé, sa fille de quatre ans, amorphe et cillant à peine devant des "japoniaiseries", puis ivre de colère quand ses parents éteignent la télévision, Luc décide de mener une étude, non pas sur le pouvoir du contenu des émissions, mais sur celui du support même et de son balayage lumineux stroboscopique. De Tokyo, où 618 enfants ont été hospitalisés pour troubles visuels et nerveux après la diffusion d'un épisode de "Pokémon", au laboratoire de recherche sur les comportements de la Générale Électrique à New York, accompagné d'un caméraman et d'un preneur du son, il rencontre des médecins, des ingénieurs, des chercheurs et des publicitaires. Tous s'accordent, avec inquiétude ou cynisme, sur la réalité des effets neurologiques de l'écran télévisuel, générateur d'ondes alpha : ondes lentes produites par le cerveau amenant à un état proche de la léthargie. Luc Mariot assiste à une expérience du Pr Eric McLuhan, qui poursuit les recherches de son père sur l'impact de la lumière directe ou réfléchie. Il s'entretient avec une psychiatre spécialiste de l'addiction aux écrans, qu'elle compare à une drogue. Et surtout, il retrouve Herbert Krugman, directeur en retraite de la recherche en opinion publique de la G.E, qui, de son expérience des retournements de soldats par la privation sensorielle, durant la guerre de Corée, a tiré des enseignements que d'aucuns ont su utiliser. Il parle de paralysie mentale du téléspectateur quelque soit le programme regardé. Alors, qui en profite ? Nous fait-on seulement admettre la nécessité d'acheter la lessive X ou la voiture Y ? Bien qu'il enfonce parfois quelques portes ouvertes, ce documentaire se suit avec grand intérêt et un réel plaisir. Cela tient sans doute autant à la personnalité de Luc Mariot, souriant, jamais agressif et pourtant tenace, qu'au sujet, assez passionnant pour soulever bien des questions, sans pour autant terroriser en souscrivant à une théorie illuminée du complot. Après tout, un poste de télévision cela peut toujours s'éteindre, n'est-ce pas ?! En se forçant un peu !
© LES FICHES DU CINEMA 2003
