Synopsis
En 1986, Reza Khabiti avait 16 ans quand il quitta sa ville natale, Téhéran, pour la France. On était alors en pleine tyrannie islamiste et la guerre Irak-Iran n'en finissait pas de finir. En 2001, les réformes du président Khatami l'ont incité à retrouver son pays. Puis à tourner ce mélange de récit romancé de son expérience (ses angoisses, ses espoirs), et de documentaire sur les aspirations d'une population à peine sortie de la terreur. La ligne directrice est simple : une équipe de télévision française conduite par Reza et Franck, présentateur connu, va enquêter pendant une semaine sur la jeunesse iranienne. L'équipe est constituée de J.P., l'opérateur, Jérôme, le preneur de son et Hélène, la scripte (excellente Sabrina Delarue), plus ou moins compagne de Franck. Leur guide est l'efficace Iradj, un cameraman iranien chevronné, qui fait office de chauffeur pour survivre. Dès le premier jour, le tournage ne suit pas le plan prévu. Franck pensait retrouver Esfandiar, son ami d'études en France, devenu universitaire. Malgré les autorisations, l'équipe ne peut entrer à l'université, mais le troisième jour, la caméra capte la parole d'étudiants et surtout d'étudiantes : des appels à l'aide, des cris d'espoir et d'inquiétude mêlés. Un milicien islamiste intervient : Reza s'apprête à obtempérer à ses invectives, "ne répondez pas à ces gens là" lui dit calmement et fermement Iradj. Le deuxième jour, Reza et Franck s'étaient résignés à filmer une répétition de "Cyrano de Bergerac" au Centre Culturel Français. Surprise : Esfandiar en est le metteur en scène. Retrouvailles émouvantes. Le lendemain, Esfandiar révèle à Franck qu'il est atteint d'un cancer... Beaucoup d'aléas vont affecter le tournage, et surtout, le malaise de Réza, dans ce pays qu'il ne comprend plus tout à fait, va se heurter à la vision de reporter de Franck. On l'aura compris, cette coproduction avec la France est à des lieues des produits idéologiquement formatés que l'Iran destinait naguère à l'exportation. Beaucoup de petites notes sonnent juste : les démêlés d'Hélène avec le voile, la vision que le peuple iranien peut avoir des Français... En revanche, il faut bien convenir que les dissensions au sein de l'équipe paraissent parfois futiles ou trop didactiques : Reza Khatibi aurait pu couper dix bonnes minutes. Et, probablement par manque de moyens, sa réalisation paraît laborieuse. Mais le documentaire est riche : entendre une parole iranienne libérée est si rare, qu'on ne peut que conseiller de le voir à qui veut comprendre la réalité et les contradictions actuelles de ce pays, la fragilité des réformes.
© LES FICHES DU CINEMA 2003
