Synopsis
Le Procès de Henry Kissinger a été diffusé sur Arte le 9 avril 2003. On ne voit pas très bien ce que le grand écran va apporter de plus à un document formellement trop classique, qui alterne sans grande recherche témoignages et images d'archives. Dès la troisième minute, le ton est donné : c'est à un réquisitoire systématique que nous allons assister, à un soutien à l'appel du journaliste Christopher Hitchens de faire juger l'ancien Secrétaire d'État de Nixon comme criminel de guerre par le tribunal pénal international. Après qu'aient été évoquées rapidement l'enfance de Kissinger, né en 1923 dans une famille juive d'Allemagne, puis l'émigration de sa famille fuyant les persécutions nazies, vers les États-Unis en 1938, l'attaque reprend. Bien des faits sont connus. Beaucoup ressentirent mal, en 1973, la décision du jury du Prix Nobel de la Paix de récompenser celui qui fut indubitablement l'un des plus déterminés partisans de la solution militaire au Viêtnam et de l'extension des bombardements américains au Cambodge. Le vietnamien Lê Duc Thô, colauréat, avait, lui, eu la pudeur de décliner le prix... En revanche, les affirmations d'un ancien collaborateur de Kissinger, comme quoi celui-ci aurait torpillé les négociations de Paris en 1968 pour mieux assurer l'élection de Nixon, apportent du nouveau... De même, si le rôle de Kissinger dans le coup d'état qui tua, en 1973, la démocratie chilienne (dernière partie du film) est bien connu, il n'en va pas de même pour sa complicité dans le véritable génocide opéré par Suharo au Timor Oriental en 1975. Si ces accusations sont vraies, elles justifient à elles seules de remettre en question la vision que donnent la plupart des notices de dictionnaires, celle d'un pragmatique dont la diplomatie des "petits pas" a souvent évité le pire. Dans une interview de 1999, Kissinger nie avoir donné ce soutien à Suharto. Un texte est lu, ensuite, qui le contredit. Tout serait donc clair... D'où vient alors qu'un certain malaise nous gagne peu à peu ? Kissinger n'a pas voulu participer au film. Ses "amis" sont peu nombreux : seul le général Haig le défend, avec une maladresse quasi gâteuse. Le film montre également Kissinger refuser à la télévision tout débat avec C. Hitchens (inspirateur essentiel du film), accusant celui-ci "d'avoir déclaré que l'Holocauste n'a jamais existé". Le moins que l'on puisse dire, c'est que sur ce point le sulfureux journaliste répond fort mal... Difficile de faire entièrement confiance à ce professionnel du sensationnel, qui vient de passer de l'ultra-gauche la plus exaltée à l'ultra-droite partisane hystérique de G.W. Bush...|#|#
© LES FICHES DU CINEMA 2003