Synopsis
Non, vous n'avez pas la berlue ! Kau-ris-mä-ki. Ce nom vous dit bien quelque chose ? Eh bien oui ! C'est celui d'Aki Kaurismäki, réalisateur prestigieux de Au loin s'en vont les nuages et plus récemment de L'Homme sans passé (Grand Prix du Jury et Prix d'Interprétation Féminine pour Kati Outinen à Cannes 2002), dont Mika n'est autre que le frère. Bien qu'ayant déjà réalisé plus de quinze fictions et documentaires dans son pays, son oeuvre reste pourtant peu connue en France. Mais il devrait bénéficier du succès de son cadet, et avouons dès maintenant qu'il le mérite tout à fait avec ce documentaire riche et généreux sur tout un pan de la culture brésilienne : la samba. "Un jour, déclare-t-il, j'ai troqué un disque de Deep Purple contre un album brésilien". Cet événement a bouleversé sa vie au point que, depuis 1989, il passe la moitié de son temps au Brésil. Moro No Brasil, nous fait ainsi assister à 105 minutes d'un "orpaillage" fructueux, mené d'oreille de maître par un Finnois en short, T-shirt délavé et estomac coulant ! Un visage de marbre (un air de famille ?), dissimulé sous des lunettes noires, Mika nous exprime pourtant ses points de vue "personnels" - hors de question de résumer l'histoire musicale du pays en si peu de temps (sa voix rauque est là pour nous le rappeler). Le film continue malgré cela d'impressionner par son étoffe et sa diversité : car, loin de se limiter à ses artistes favoris, Mika nous présente des chanteurs relativement populaires, tantôt commerciaux, tantôt confidentiels, capables de remplir les places publiques (Margareth Menezes), ou contraints de continuer à tailler des chemises (remarquable Walter Alfaiate)... Kaurismäki sillonne les petits rues des favelas et capte l'arrivée des jeunes vers la musique (seul moyen d'échapper à la violence et à la drogue ?). Le groupe Funk'N Lata, melting pot musical (un rien excessif et démago, toutefois), aide les jeunes à ne pas commettre les erreurs de leurs aînés. Caju et Castanha, eux, s'en sont sortis il y a longtemps grâce à des improvisations dévastatrices qu'ils sèment le long des rues, en s'emparant de tout ce qui se présente à leurs sens (à la clé, une démonstration à mourir de rire) ! Se dessine alors le portrait (sans doute le plus touchant) du jeune Seu Jorge, qu'un drame familial a tenté d'éloigner de la musique. Kaurismäki consacrera ses derniers plans au bar musical qu'il a ouvert au Brésil : coup de pub difficilement blâmable pour celui qui a consacré sa vie au pays...
© LES FICHES DU CINEMA 2003