Synopsis
Maryam vient à Téhéran pour retrouver son père qui l'a abandonnée lorsqu'elle était enfant. Armée de sa petite caméra, elle interpelle et interroge les passants qu'elle rencontre sur les trottoirs de la capitale iranienne. Presque tout le monde le reconnaît sans trop pouvoir aider la jeune femme. Il serait régulièrement venu dans ce parc, aurait parlé avec ce jardinier, aurait acheté des cigarettes chez cet épicier... Maryam réussit même à identifier deux de ses anciens lieux de résidence sans que, toutefois, personne ne puisse lui donner son adresse actuelle... Plus tard, une jeune fille lui assure l'avoir croisé à l'instant, mais sa course reste sans résultat. Maryam ne retrouve toujours pas son père. Sur un ton horriblement monocorde, Maryam formule inlassablement les mêmes questions. Par contre, le spectateur, lui, se lasse ! Même si un bon nombre de scènes sont réellement nées d'improvisations et de séquences impromptues, l'artifice du faux documentaire "pris sur le vif" est non seulement affreusement répétitif, mais paraît légèrement éventé et peu crédible. Jouant sur la réalité de ses racines iraniennes, la jeune réalisatrice Sepideh Farsi sillonne Téhéran, caméscope numérique à la main, et provoque quelques menues réactions. Son "geste de cinéma" est certainement digne et riche de sens pour elle, mais laisse le spectateur désespérément sur le bas-côté de son parcours, initiatique comme il se doit. Tourné entièrement en caméra subjective, ce qui se voudrait être un témoignage sociologique sur la vie à Téhéran ressemble en fait fort à un exercice de style passablement pédant et sans grand intérêt. Certaines scènes sont par exemple retravaillées visuellement pour leur apporter une dimension onirique peu convaincante. S. Farsi s'inscrit dans une grande tradition iranienne d'un cinéma d'auteur flirtant avec le documentaire (du Salaam Cinéma de M. Makhmalbaf au Ten de A. Kiarostami). Mais l'écriture cinématographique n'est ici que procédé. Et sa démarche sociologique se trouve totalement vampirisée par son trop fort "désir de cinéma" (sans qu'elle n'aie, d'ailleurs, ni les moyens ni l'inventivité qu'auraient nécessité ses ambitions). Et puis, faute d'émotions (Myriam, le personnage qui pourrait en provoquer, n'apparaissant jamais à l'image !) et de vérité sociale (tout paraît trop truqué, volontariste), ce Voyage semble hélas un peu vain.
© LES FICHES DU CINEMA 2003
