London (1994) Patrick Keiller

London

Pays de productionGrande-Bretagne
Sortie en France06 août 2003
Procédé image35 mm - Couleur
Durée85 mn
DistributeurE.D. Distribution (source : ADRC)
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Générique technique

RéalisateurPatrick Keiller
ScénaristePatrick Keiller
Société de production BBC - British Broadcasting Corporation
ProducteurKeith Griffiths
Distributeur d'origine ED Distribution (Paris)
Directeur de la photographiePatrick Keiller
Compositeur de la musique préexistanteLudwig van Beethoven
Compositeur de la musique préexistanteJohannes Brahms
MonteurLarry Sider

générique artistique

Paul Scofield(la voix du narrateur)

Bibliographie

Synopsis

Excentrique : hors de centre, original, bizarre. L'appellation choisie pour présenter des cinéastes anglais méconnus en France, s'applique bien au film de P. Keiller. Par sa forme, comme une évocation érudite, London diffère en effet du réalisme d'un Ken Loach. Mais sur le fond, la critique que dresse Keiller de l'Angleterre des Conservateurs, ne perd rien en justesse et virulence. "Saloperie d'Angleterre !", s'exclame ainsi le narrateur dès les premières secondes de sa "narration". Il revient à Londres après sept ans d'absence, appelé à la rescousse par son ancien amant, Robinson. Ce dernier veut qu'il l'aide à finir ce qu'il appelle "son travail" : une étude sur l'espace urbain londonien et ses dysfonctionnements. Ensemble, ils entreprennent plusieurs pérégrinations dans la ville, à la recherche de traces du passé laissées par d'illustres visiteurs comme Verlaine, Turner, Poe ou Defoe. Nous sommes en 1992, et les Tories sont au pouvoir. On ne verra jamais ni Robinson ni le narrateur. Ce portrait de Londres se construit selon un dispositif d'une extrême rigueur, où la voix du narrateur accompagne des plans fixes qui ont ceci de remarquable, qu'ils ne montrent, justement, jamais rien de remarquable. Monuments vus de loin, foule des employés marchant dans la rue, arbres d'un parc, quelques vaches dans un pré, escaliers roulants d'un centre commercial... Et l'eau, très présente, seul élément de permanence dans ce paysage mutant. Car, comme l'explique le narrateur, Robinson cherche un lieu qui n'existe plus et se livre à "des exercices de paysages mentaux, de rêveries, de libres associations". Et c'est ce que Keiller nous incite à faire lorsqu'il fait coïncider un commentaire sur le Romantisme anglais et l'image d'un ballon géant à l'effigie de Ronald Mac Donald, se balançant sur le toit d'un Mac Do de banlieue. Et petit à petit, la critique acerbe de l'Angleterre léguée par M. Thatcher fait son chemin. Keiller, architecte de formation, montre très bien que ces espaces à la fois anodins et hostiles, traversés par les deux protagonistes, sont bien le fruit d'une politique économique. Elle a anéanti ce qui était cher à Robinson : les lieux de vie collectifs, les transports publics, le progrès social, la diversité culturelle. Entre des citations de Baudelaire ou Rimbaud, le réalisateur dénonce très précisément "des institutions inféodées à la monarchie, à l'État ou à la City, dont le centre historique n'est qu'un vide civique". Le diagnostic de Robinson sur la faillite de Londres rappelle au final celui que dressait Michael Moore dans Bowling for Colombine. À la source des dysfonctionnements modernes, on trouve la peur, "une peur des villes, une peur protestante du papisme, du socialisme, de l'Europe". Aride ? Non : une oeuvre exigeante, et passionnante. Un soufflet au pragmatisme libéral des conservateurs anglais.
© LES FICHES DU CINEMA 2003
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