Synopsis
Coscénariste du Thérèse d'Alain Cavalier (son père), cinéaste inclassable (Pékin central), comédienne dilettante chez des réalisateurs atypiques (Patrick Schulmann, Judith Cahen ou... elle-même), initiatrice de la transformation de Maïté en actrice de cinéma (Le Fabuleux destin de Madame Petlet), Camille de Casabianca pourrait se définir comme une artiste farfelue et imprévisible. Sa dernière lubie ? Le judo. Il y a trois ans, elle en avait déjà fait la toile de fond d'une comédie de moeurs très poussive : Vive nous ! Mais ce qui pouvait sembler n'être dans ce film qu'une idée de scénario pittoresque s'avère en fait être une véritable passion. Et la réalisatrice a décidé, cette fois, de l'aborder de manière plus frontale, par le biais du documentaire. Voici donc Camille, petite souris, glissant ses 47 kilos et sa mini-caméra DV au milieu des kimonos XL de l'équipe de France de judo. Sans interviews ni commentaire, elle suit leur préparation au championnat du monde, puis les accompagne à Munich, où a lieu la compétition. Ainsi, on découvre, au travail, une équipe soudée, dans laquelle chacun a son rôle : Stéphane Traineau le chef scout, David Douillet le grand frère, Djamel Bouras le rebelle, Larbi Benboudaoud le petit prodige, etc. La première partie est d'une neutralité qui laissera somnolents ceux que les arts martiaux indiffèrent. Par la suite, la caméra réussit à saisir un ou deux moments plus intimes, et quelques conversations pouvant élargir le débat. Le coup de gueule de Djamel Bouras, rappelant que le judo est le quatrième sport mondial mais que ses champions sont payés à peine plus du SMIC, apporte par exemple un éclairage intéressant. Le début du championnat amène également un enjeu qui nous accroche un peu plus, même si la réalisatrice ne dramatise pas excessivement l'événement. Il faut dire que les résultats (défaite des favoris Benboudaoud et Bouras, victoire inattendue de Frédéric Demontfaucon) ne se prêtent pas vraiment à une construction en forme de success story. Cependant, la manière dont sont filmées les épreuves du championnat (vues essentiellement à travers le moniteur de la salle d'entraînement) est assez astucieuse, et traduit un des choix du film : mettre en évidence l'esprit d'équipe plutôt que la performance individuelle. D'ailleurs, les réactions des uns et des autres face à la défaite, permettront à ceux qui n'ont jamais enfilé un survêtement de comprendre ce qu'est le fameux "esprit sportif". Tatami serait donc un très honnête et respectable reportage télé, mais étant données sa courte durée (63 minutes) et sa faible densité émotionnelle, on ne comprend pas bien l'intérêt de sa diffusion en salles.
© LES FICHES DU CINEMA 2003
